[fr] Résumé : la laïcité fait depuis une vingtaine d’année un retour remarqué dans le débat public, tant en France qu’au Québec ou en Belgique francophone. Un retour très ambigu cependant : la laïcité divise aujourd’hui les mouvements qui s’en réclamaient depuis toujours (la gauche politique et syndicale, le féminisme, l’antiracisme …) et est au contraire revendiquée par ceux qui la rejetaient violemment (la droite populiste et l’extrême-droite). Cette logique « à front renversé » puise ses racines dans l’histoire de la dynamique laïque dans ces trois ensembles francophones, dynamique devenue majoritairement anti-religieuse, à force de s’affronter aux prétentions hégémoniques de l’Eglise catholique. Dans un contexte où le catholicisme a perdu beaucoup de sa vigueur, une partie (majoritaire) du mouvement laïque reproduit aujourd’hui cette logique anti-religieuse contre l’islam, religion minoritaire et stigmatisée. C’est le pire des choix : le discours laïque anti-religieux se fait le parfait symétrique du discours islamiste, puisqu’il répand l’idée qu’il est impossible d’être musulman et laïque. A l’inverse, une laïcité réanimant ses fondamentaux (séparation, neutralité, liberté de conscience et égalité) constituerait la meilleure garantie de la cohabitation pacifique des diverses convictions (religieuses ou non), en particulier dans un pays comme la Belgique où ces convictions ne constituent qu’une mosaïque de minorités.
Disciplines :
Sociology & social sciences
Author, co-author :
Jacquemain, Marc ; Université de Liège - ULiège > Institut des sciences humaines et sociales > Sociologie des identités contemporaines