L'Ecole de Chicago : une méthodologie pertinente pour l'analyse de phénomènes déviants contemporains ?

S'intéresser au phénomène des « bandes urbaines » en Belgique, et plus particulièrement aux groupements de jeunes pairs issus de l’immigration africaine subsaharienne, amène immanquablement à se pencher sur la sociologie de l'Ecole de Chicago. Une revue de la littérature existante nous conduit à nous tourner vers des auteurs comme H. S. Becker, A. V. Cicourel ou encore W. F. Whyte. Il importe cependant de s’interroger sur la pertinence de cet héritage intellectuel dans un contexte spatialement et temporellement différent. On sait en effet que la sociologie de l’Ecole de Chicago s’est développée parallèlement à la ville de Chicago elle-même et qu’elle prend en considération, entre autres, la dimension « immigration ». Dès lors, que retenir de la sociologie de l’Ecole de Chicago pour l’analyse d’autres terrains ethnographiques ? Prenant pour exemple le cas des « bandes urbaines » à Liège, ma communication aura pour objet d’examiner les apports de ce courant pour l’analyse de phénomènes déviants actuels. Je montrerai qu’au-delà d’enseignements théoriques (tels que l’idée d’apprentissage de la déviance par les pairs via H. S. Becker et le fait que les quartiers pauvres se caractérisent par une forme d’organisation sociale spécifique via W. F. Whyte), les apports méthodologiques de l’Ecole de Chicago et de l’anthropologie peuvent également être mobilisés pour des études contemporaines d’intérêt criminologique. Pour ce faire, outre les auteurs déjà cités, je m’appuierai aussi sur des auteurs comme D. Fassin, C. Ghasarian et M. Godelier.