Abstract :
[fr] A l’heure où les questions agronomiques, environnementales et économiques imposent à l’agriculteur une gestion parcimonieuse de ses intrants agricoles, l’élaboration d’un conseil de fumure au plus près de la réalité terrain est primordiale. Dans cette optique, l’ASBL REQUASUD, en collaboration avec les différents laboratoires provinciaux membres de la chaine Minérale-sols de l’ASBL REQUASUD, a élaboré un conseil de fumure personnalisé. Celui-ci intègre les spécificités locales du milieu naturel, notamment pédologiques et climatiques qui coexistent en Wallonie.
Les analyses réalisées en laboratoire doivent être interprétées avant d’être délivrées à l’agriculteur. Cette interprétation doit être indépendante du laboratoire et basée sur des règles clairement définies. Ainsi, en vue d’une harmonisation de tous les laboratoires, une révision de la méthodologie permettant d’aboutir au conseil de fumure a été réalisée et a permis, du même coup, de revoir les seuils d’interprétation des résultats, sur base d’études récentes et des résultats de parcelles d’essai de longue durée, et d’intégrer un certain nombre de paramètres influençant le conseil de fumure. Ainsi, les notions de densité apparente, de profondeur d’échantillonnage ou encore de charge caillouteuse ont été introduites dans le calcul des besoins en phosphore du sol. Ces données, rarement mesurées en pratique, peuvent être extraites d’un outil cartographique, REQUACARTO, mis à la disposition des laboratoires par REQUASUD et ayant pour objectif de définir des zones de prélèvement et leurs propriétés. Des moyennes régionales en fonction des principaux types de sol ont été définies grâce aux bases de données disponibles au niveau de la Région wallonne. La question de l’influence du taux d’argile sur l’interprétation des résultats analytiques a également été soulevée, de manière à adapter les seuils de manière adéquate aux conditions locales.
Au niveau de l’évaluation des exportations, les notions de classes d’aptitude et de potentiel racinaire ont été introduites. Le premier paramètre permet de prendre en compte l’influence de la qualité du sol sur les rendements observés au sein de la région. Le deuxième paramètre permet d’augmenter ou de diminuer les besoins en fonction de la culture et de la potentialité de cette plante à prélever du phosphore, toutes les plantes n’étant pas équivalentes. Enfin, contrairement à beaucoup de systèmes, les rendements ne correspondent pas à des données issues de la littérature mais aux moyennes régionales issues des statistiques de la région wallonne. Ces rendements sont ensuite multipliés par les valeurs d’exportations par unité de rendement. Les phénomènes de lixiviation ou de rétrogradation ont également pris en compte dans la révision du conseil de fumure.
Cette interprétation se fait de manière localisée au sein de chaque zone de prélèvement afin de permettre une fertilisation raisonnée et précise. L’utilisation de zones de prélèvement au sein des parcelles permet de donner des conseils de fumure au sein de zones homogènes.
En conclusion, cette démarche présente l’avantage d’être complète et d’intégrer les différents paramètres pédologiques et agronomiques en vue d’un conseil de fumure raisonné. Les outils ont été mis en place afin de disposer facilement des différentes données nécessaires au diagnostic agronomique. Un outil informatique a notamment été élaboré afin de calculer de manière automatique le conseil de fumure approprié, le logiciel étant lié aux bases de données et aux outils cartographiques. Enfin, elle permet de réaliser un conseil de fumure raisonné par zone de prélèvement en prenant en compte les spécificités de chaque zone et non un conseil de fumure unique pour la parcelle.
L’ensemble de la réflexion mise en place et présentée ici a également été détaillée dans une brochure disponible sur internet (Genot et al., 2011).