[fr] Bien que les techniques végétales soient d'application de longue date pour fixer les berges de cours d'eau, elles font maintenant partie d'une réflexion plus générale avec la prise en compte des besoins écologiques des écosystèmes de rivières et le développement de l'ingénierie végétale qui régit la mise en oeuvre des renaturations. Les travaux décrits dans cet ouvrage apportent les outils permettant la traçabilité et l'évaluation comportementale d'écotypes ligneux vis-à-vis de risques sanitaires connus (principalement la maladie de l'aulne) ou de pollutions attendues (diffusion de métaux lourds) tout en préservant leur capacité d'adaptation naturelle. Par l'établissement de collections d'aulnes, de saules ou de frênes autochtones et une multiplication
végétative respectueuse de la diversité locale, les ressources génétiques de toute une région
transfrontalière sont rendues disponibles pour tout programme de renaturation de berges de cours d'eau ou de zones écologiquement équivalentes à réhabiliter dans les bassins de la Meuse, du Rhin et de l'Escaut. Cet ouvrage s'adresse aux gestionnaires de cours d'eau, aux éco-conseillers du monde rural ou urbain, aux étudiants en sciences du vivant, ainsi qu'à toute personne s'intéressant à l'écosystème « rivière » et à la qualité de l'eau. Les stratégies éveloppées peuvent trouver application en d'autres lieux ou avec d'autres essences.
Résumé de l'article
Les éléments-traces métalliques (ETM) sont à l’origine d’une contamination chronique susceptible d’affecter la ripisylve, et ce d’autant plus si les individus présents ne développent pas de tolérance aux polluants. Les objectifs de cette étude étaient d’évaluer la tolérance de clones ligneux (saule et aulne) aux ETM, ainsi que d’étudier leur potentiel en termes d’extraction des ETM (phytoextraction). Deux dispositifs expérimentaux ont été mis en oeuvre : l’un en milieu hydroponique, l’autre en substrat terreux. Le choix du saule et de l’aulne comme modèles d’étude a été dicté par leur forte productivité de biomasse mais également par leur bonne capacité à s’établir sur des sols contaminés par les ETM. Après une phase de croissance en milieu contaminé, le suivi de paramètres physiologiques (production de biomasse, fluorescence chlorophyllienne) et métaboliques (teneurs en ETM dans les différents organes, étude des sucres et des protéines solubles foliaires et/ou racinaires) indique que le saule et l’aulne peuvent présenter, selon le clone considéré, un intérêt variable en phytoremédiation. En effet, au regard des concentrations en ETM mesurées dans les tiges, certains clones de saule montrent une meilleure capacité à l’extraction que d’autres. Concernant l’aulne, nos résultats suggèrent qu’il serait plus performant pour une autre alternative de la phytoremédiation : la phytostabilisation. Enfin, une mycothèque de 91 souches fongiques associées aux racines de ces essences a été constituée au cours de ce projet. La tolérance de ces souches aux ETM a également été testée in vitro. Mots-clés : Salix, Alnus, tolérance, bioremédiation, stabilisation du sol, élément trace métallique, berges.