Quand les religieuses cloîtrées sillonnent l’Europe, itinéraires transfrontaliers d’annonciades célestes au XVIIe siècle

Après le Concile de Trente, les réguliers s’investissent à nouveaux frais dans des missions d’évangélisation et de reconquête, sillonnant le monde, sinon avec l’intention de construire une Europe moderne, du moins avec celle de repousser au plus loin les frontières de la catholicité et d’en affirmer la suprématie. Les femmes ne sont pas en reste. Apostoliques ou contemplatives, elles participent corps et âmes à cette entreprise de Réforme et de Contre-Réforme catholiques. L’exemple des annonciades célestes est significatif de cette volonté d’aller au front, armes spirituelles à la main, mais aussi de conforter la foi de leurs coreligionnaires par l’exemple de leur engagement. Au cours de la phase d’expansion de leur ordre, ces cloîtrées ont été amenées à se déplacer et à s’adapter régulièrement à de nouveaux contextes de vie à l’intérieur de l’espace européen. Leur découverte de l’autre est abondamment commentée dans leurs échanges épistolaires et récits de vie. L’une des expériences les plus marquantes pour certaines de ces femmes a sans doute été le voyage entrepris en 1666 en vue de la fondation d’une maison en Basse-Saxe, expédition qui a entraîné ces religieuses bien au-delà de leurs territoires de prédilection. Le récit de l’aventure relaté par les voyageuses au terme de leur périple a permis à celles demeurées sur place de suivre pas à pas le progrès de leur ordre et de participer avec leurs sœurs à cette étonnante découverte d’autres modes de vie et de pensée.