Abstract :
[fr] Ce travail étudie la charge vocale principalement chez les enseignants. La prévalence élevée des troubles de la voix chez ces professionnels serait en partie liée aux trois facteurs principaux de charge vocale que sont la durée de phonation, l’intensité et la fréquence vocale. Ces facteurs sont associés à des contraintes mécaniques appliquées aux plis vocaux lors de la vibration, potentiellement responsables de microtraumatismes du tissu, et participant au développement de pathologies vocales.
Notre contribution intervient à deux niveaux d’étude de la charge vocale. Dans un premier temps, nous l’avons quantifiée en situation écologique dans une population d’enseignantes, en comparant deux niveaux de l’enseignement ordinaire belge : le maternel et le primaire. A cette fin, le comportement vocal de 12 enseignantes du maternel et de 20 enseignantes du primaire a été enregistré durant une semaine de travail, à l’aide d’un système de dosimétrie. Les objectifs étaient, d’une part, de déterminer les différences d’utilisation vocale selon le niveau d’enseignement, et d’autre part, de comparer l’utilisation vocale professionnelle et extra-professionnelle des enseignantes. Globalement, nos résultats montrent une charge vocale plus élevée en situation professionnelle qu’en situation extra-professionnelle. Par ailleurs, les enseignantes du maternel présentent une charge vocale plus élevée que celles du primaire, en termes de nombre de cycles vibratoires et de distance parcourue par les plis vocaux. Ces résultats suggèrent un risque accru de développer des pathologies liées à la charge vocale chez les institutrices du maternel.
Dans un deuxième temps, nous avons étudié l’impact de la charge vocale sur la fonction phonatoire et sur la qualité vocale en condition de laboratoire. Une première condition expérimentale avait pour but d’améliorer la compréhension des facteurs de durée et d’intensité de la charge vocale, en soumettant 50 femmes normophoniques à 2 heures de charge, réalisées à deux reprises en variant le niveau d’intensité. Une seconde condition expérimentale avait pour but de comparer les effets de 2 heures de charge chez 16 enseignantes normophoniques et 16 enseignantes dysphoniques. Les effets de la charge vocale ont été évalués à l’aide de mesures objectives et subjectives. Les principaux résultats de la première condition expérimentale montrent plus d’impact de la durée que de l’intensité de la charge sur les paramètres observés. Dans la seconde condition expérimentale, peu de différences sont observées entre les deux groupes d’enseignantes au cours de la tâche de charge, suggérant que les enseignantes dysphoniques testées présentent une bonne résistance à la charge vocale.