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Abstract :
[fr] Depuis l’Après-Guerre, la disparition de nombreux jardins détruits, abandonnés ou délaissés, la dispersion ou la destruction d’archives de familles ont entraîné d’importantes lacunes dans la connaissance de l’histoire des jardins et de la création paysagère. Face à l’importance quantitative et qualitative du patrimoine jardiné de Wallonie, les résultats de l’inventaire des parcs et jardins historiques de Wallonie (9 volumes, 1993 et 2008, collection « Inventaires thématiques ») méritaient d’être diffusés de manière plus large afin de présenter sa richesse historique et sa grande diversité stylistique. C’est l’objet principal de cet ouvrage qui a reçu le Prix du meilleur ouvrage francophone sur l’art des jardins (Beervelde Award 2010).
La perspective historique a permis de rappeler le caractère exceptionnel de l’aménagement des grands domaines (Enghien, Mariemont, Beloeil, Seneffe) qui se manifeste notamment à travers des renouvellements permanents grâce à l’adoption précoce de modes nouvelles. Cette approche a mis en évidence l’émergence de styles originaux – on pense aux divers traitements donnés au jardin paysager au XIXe siècle notamment à travers le rôle des fabriques ou à la création du « Nouveau jardin pittoresque » dans l’Entre-Deux-Guerres par Jules Buyssens –, de personnalités exceptionnelles et de typologies nouvelles notamment les parcs de sociétés privées et les jardins d’entreprises. À toutes les époques, les créateurs revisitent l’art de composer, affirmant le caractère du lieu, la nature et l’échelle du site ; recherchant la convenance avec l’habitation ou l’adéquation aux mutations sociales ou adoptant une mode en quête de nouveauté, d’originalité ou de singularité.
L’analyse thématique a tenté de renouveler la perception de ce patrimoine jardiné mettant notamment en exergue le rôle des commanditaires (ordres religieux, aristocrates, industriels, artistes, botanistes, collectionneurs, etc.) et les différentes typologies (jardins de l’église régulière et séculière, jardins d’eau, jardins botaniques et de collection, jardins productifs). Ce parcours transversal révèle à la fois l’adoption de modèles européens (style régulier, pittoresque, paysager, jardin moderne) portés à l’échelle des paysages wallons et la mise en œuvre de compositions originales exploitant les caractéristiques sitologiques locales. L’implantation de jardins d’eau sur d’anciens sites industriels (moulins ou ateliers hydrauliques, carrières) constitue une adaptation à la fois singulière et remarquable.
Le Dictionnaire des créateurs de jardins actifs dans nos régions depuis le XVIIIe siècle constitue un complément inédit. La recherche scientifique dispose enfin d’une base de données susceptible d’être élargie au contexte historique et géographique du pays à l’instar des publications françaises dirigées par Michel Racine – Créateurs de jardins et de paysages en France de la Renaissance au XXIe siècle. Une telle étude permettrait d’attester combien les échanges culturels depuis le XVIIIe siècle dans les Pays-Bas méridionaux ont forgé une identité paysagère commune aux commanditaires et aux créateurs œuvrant dans des provinces limitrophes.