Abstract :
[fr] Cette communication étudie comment l’élection présidentielle camerounaise de 2012 s’est déroulée sur la Toile. Dans ce pays d’Afrique et de « jeune démocratie » (Tandia Mouaffou, 2009), cette élection est la toute première à intégrer l’usage des NTIC comme outils de communication et de campagne. Cette innovation intervient dans un contexte où depuis l’avènement de la démocratie en 1990, le système électoral est plus ou moins contesté (Boukongou, 2007). Dans ce contexte où 70% de la population vivent avec un faible pouvoir d’achat, le développement des nouveaux médias reste aussi moins important (INS, 2007). Selon l’ANTIC (2010), le taux de pénétration de l’Internet par exemple est de 0,20%. De plus, les disparités entre les zones rurales et urbaines dans l’accès aux nouveaux médias sont encore énormes (ANTIC, 2007). C’est donc un contexte où en dépit de la passion sans cesse grandissante des citoyens et notamment des jeunes pour les NTIC (Béché, 2010), l’indice du développement numérique est jusqu’ici relativement bas, ce qui n’a pas cependant empêché la dernière élection présidentielle à se déporter sur le champ ouvert de l’Internet.
Il s’agit donc d’examiner comment les candidats à cette élection ont utilisé les outils Internet (sites web, facebook, youtube, web TV, twitter, wikipédia, sms) ainsi que la place et l’efficacité de cette stratégie dans la campagne électorale. Il s’agira aussi d’analyser l’e-participation des citoyens camerounais dans cette campagne électronique. L’analyse de l’usage c’est-à-dire de ce qui a été effectivement fait avec les nouveaux médias, permettra alors de cerner comment l’e-communication s’est construite dans ce contexte réseauté émergent. D’ailleurs, l’un des aspects de cette e-campagne relève des stratégies employées. Pour le parti au pouvoir, la web-campagne a été un moyen pour occuper davantage tous les espaces possibles de communication. Pour l’opposition, il s’est plutôt agi de construire une certaine visibilité que ne leur ont pas permise les moyens traditionnels de propagande dont la majorité est contrôlée par l’État.
Mais du fait des difficultés d’appropriation des nouveaux médias par une partie des candidats et des citoyens, l’innovation envisagée n’a pas suscité une réelle révolution dans le déroulement de l’élection présidentielle. Il ya eu plutôt une simple transposition de la campagne faite avec les moyens traditionnelles (radio, télévision, presse écrite) sur le champ du Net. Ça été en fait un effet de mode plutôt qu’une révolution qui s’arrime à la dynamique globale amorcée lors des élections américaines de 2008 et accentuée par le printemps arabe. C’est d’ailleurs en partie pour cette raison que cette élection n’a pas eu de qualificatif médiatique comme ça été le cas par exemple avec la révolution iranienne (révolution twitter). En dépit de ces considérations cependant, cette innovation constitue un signe de la modernisation de la vie politique camerounaise et une perspective vers une réelle démocratie.