Abstract :
[en] Currently, protected areas and protected natural species are in a state of proliferation all over the world. Landscapes, flagship species, peoples in voluntary isolation, ecosystems, and “biological corridors” are all protected. In order to achieve this, categories of protection at different geographical levels have been mobilized. The processes that allow any one of these categories to become operational within a precise territory are more or less well standardized and have in common, amongst others things, two components that have caught my attention: Firstly, the central role of previous scientific and technical studies, and secondly, the desire to ensure the participation of the populations concerned. How are relations between scientists and the non-scientific public in participatory environmental management? This thesis seeks to answer this question, from the starting point of an analysis of the cognitive dimension of participatory environmental management, i.e. how the production of knowledge affects the modes of existence within protected areas (and consequently their human and nonhuman inhabitants). Building upon the study of daily activities that bring scientists and indigenous peoples into contact in and around the scientific field stations “Yasuní” and “Juri Juri Kawsay” (in the Ecuadorian Amazon), this research describes the relationship between ways of knowing a conflicting object (for example a natural species, a territorial boundary, an isolated people) and the consequences in terms of configuration of that object (in terms of identity, value, and fragility) and its management (administration, use, protection, recovery or abandonment). By mobilizing the approach of Actor-Network theory, this dissertation attempts to outline how mediation between humans and nonhumans, non-scientific and scientific, occurs. It also offers a reflection on how the Agency of an entity (the competence to make make distributed in the humans and nonhumans actors) comes to influence the joint actions. This research can capture the ambiguity, instability, resistance and complexity that still exist in the Amazon, with some unexpected findings along the way, by showing the changes among things and people throughout development projects, land management initiatives, and conservation and science programs. After describing the trajectory of four entities (laboratories, species conservation, territories and subjects), which meet at the Amazonian interfaces where science, conservation and development are in competition, the findings of this dissertation have met two ambitions: to consider the importance of taking into account the complexity and historicity of scientific data and to answer a broader question: What are the relevant factors to take into account when considering the possibilities for joint action between scientists and indigenous populations?
[fr] Aujourd’hui, les aires protégées et les espèces naturelles sous protection prolifèrent partout dans le monde. On protège les paysages, les espèces emblématiques, les peuples en isolement volontaire, les écosystèmes et les « corridors biologiques »… Pour ce faire, on mobilise des catégories de protection à plusieurs échelles géographiques. Les procédures permettant qu’une de ces catégories devienne opérationnelle sur un territoire précis sont plus ou moins bien standardisées et elles ont en commun, entre autres éléments, deux aspects qui attirent notre attention, d’une part, le rôle central des études scientifiques et techniques préalables, et d’autre part, la volonté d’encourager la participation des publics concernés. Comment se présentent les relations entre les scientifiques et les « profanes » dans la gestion environnementale participative ? Cette thèse propose de répondre à cette question à partir de l’analyse de la dimension cognitive de la gestion environnementale participative, c’est-à-dire, en s’intéressant aux effets que la production de connaissances provoque sur les modes d’existence des aires protégées (et ses habitants humains et no-humains). À partir de l’étude des activités quotidiennes qui mettent en relation scientifiques et indigènes à l’intérieur et autour des stations scientifiques « Yasuní » et « Juri Juri Kawsay » (en Amazonie équatorienne), cette recherche décrit les « modes de connaître » une entité en conflit (une espèce emblématique, des limites foncières, les peuples en isolement volontaire) et leurs conséquences en termes de configuration de cette entité (l’identité, la valeur, la fragilité) et de sa gestion (l’administration, l’usage, la protection, la valorisation ou l’oubli). En mobilisant l’approche de la sociologie de la traduction, cette dissertation s’efforce de décrire comment l’intermédiation entre humains et non-humains, « profanes » et scientifiques se présente. Elle propose également une réflexion sur comment l’Agency d’une entité (la compétence de faire faire distribuée dans les actants) en vient à agir sur les actions conjointes. En montrant les transformations des non-humains et des personnes tout au long de projets de développement, d’initiatives de gestion territoriale, de programmes scientifiques et de conservation, cette recherche parvient à capter –non sans étonnement- l’ambigüité, l’instabilité, les résistances et la complexité qui subsistent encore en Amazonie. Après avoir décrit la trajectoire de quatre entités (laboratoires, espèces de la conservation, territoires et sujets), qui se rencontrent dans les interfaces amazoniennes où la science, la conservation et le développement sont en compétition, les conclusions de cette thèse rencontrent deux ambitions : d’une part, considérer l'importance de la prise en compte de la complexité et de l'historicité des données scientifiques ; et d’autre part, répondre à une question plus large: quels sont les éléments pertinents à prendre en compte afin de penser les possibilités d'action conjointe entre les scientifiques et les autochtones ?