Abstract :
[fr] Depuis 2007, l’Aquapôle appuie l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement (ANPE - Tunisie) dans sa mission de contrôle de la pollution des eaux par la mise en place d’un réseau de contrôle de la pollution des eaux (projet LIFE Pays Tiers COPEAU 2007- 10). Les données ainsi collectées pourraient être utilement exploitées au travers de l’utilisation de modèles de gestion des ressources en eau. Le modèle PEGASE développé par l’Aquapôle, permet d’établir la relation pression / impact entre les différentes charges de pollution et la qualité de l’eau dans tout le réseau des rivières modélisées associées au bassin versant concerné, et constitue ainsi un puissant outil de gestion des cours d’eau et de leurs bassins versants. Il permet notamment de simuler le transport des polluants et différents scénarios de gestion (planification de l’épuration et de l’assainissement, réduction des pressions, mise aux normes des rejets,…) et d’en déterminer les impacts (gain de qualité) sur l’écosystème. Ce modèle est déjà largement utilisé dans plusieurs pays européens (Belgique, France, Pays-Bas, Allemagne, Luxembourg).
La présente étude intitulée « étude de faisabilité d’une méthodologie de modélisation à l’échelle globale du bassin versant de la Medjerda (Tunisie) » a été réalisée entre juin 2008 et décembre 2009 au travers du partenariat entre l’Aquapôle et l’ANPE et ce, avec l’appui de Wallonie Bruxelles International (commission mixte 2008).
L’étude dresse un bilan des données disponibles et analyse leur pertinence eu égard de ce qui est requis pour permettre la bonne application du modèle PEGASE à l’ensemble du bassin versant tunisien de la Medjerda. Il s’agit de données géographiques (MNT, réseau hydrographique, limites administratives, occupation des sols etc.), météorologiques (insolation, température, débits), de rejets (domestiques, industriels, STEP, cheptel) et de mesure de qualité.
L’étude dresse également un bilan des problématiques spécifiques dont il faudra nécessairement tenir compte dans l’adaptation du modèle au contexte local. Celles-ci concernent principalement la présence de 9 grands barrages implantés le long de la Mejerda et de ses affluents, la forte anthropisation du débit liée notamment aux lâchés de barrages, le caractère intermittent de certains affluents en fonction des périodes de l’année, la présence de prélèvements très importants notamment pour l’irrigation et enfin, des problèmes de crues et d’érosion.
En conclusion, l’analyse des échantillons de données transmises par l’ANPE et des problématiques spécifiques aux régions du Nord de la Tunisie montre que le modèle PEGASE est tout à fait applicable au bassin de la Medjerda, moyennant certaines adaptions spécifiques. Cet outil de gestion a toute sa raison d’être dans ce pays où la préservation des ressources en eau constitue un enjeu vital pour les générations actuelles et futures.