Abstract :
[fr] Après un bref rappel des principales caractéristiques hydroécologiques de la Marchette et du R. d’Heure, est présentée une analyse des résultats de deux pêches à l’électricité exécutées pour le compte du SPW-DGARNE-DEMNA en juin 2010 dans la Marchette aval, dans le camp militaire. Ces résultats sont confrontés à ceux obtenus lors d’études réalisées par l’ULg en 1976-1979.
Les captures en 2010 sur une distance de 392 m et une superficie de 0,2211 ha s’élèvent à 3 949 poissons et 16,625 kg (densité de 17 860 ind./ha et 75,2 kg/ha) appartenant à 17 espèces indigènes. Près de 94,2 % des captures en nombre (58,8 % en biomasse) sont formés par 3 espèces (vairon, loche franche et goujon) de petite taille (< 18 cm) et assez peu exigeantes pour la qualité de l’eau et du milieu physique (espèces ubiquistes et polluorésistantes). La présence de l’épinoche en effectif assez important reflète un état de pollution chronique. Les poissons indicateurs d’un meilleur niveau de qualité de l’eau sont représentés mais en faibles effectifs et biomasses par des cyprins d’eau vive (chevaine, vandoise, ablette spirlin ainsi que barbeau et hotu moins nombreux), par la truite commune de rivière toutefois très rare et provenant surtout de repeuplements et, fait encourageant, par deux espèces Natura 2000, le chabot et la petite lamproie. Il faut aussi signaler la capture de carnassiers représentés en faible effectif par le brochet, la perche fluviatile et l’anguille européenne.
L’interprétation de ces résultats nécessite de distinguer les trois milieux bien différenciés que sont le R. d’Heure (RE) de bonne qualité écologique, la Marchette en amont du RE fort dégradée (= masse d’eau fortement modifiée selon la Directive Cadre sur l’Eau) et la Marchette en aval du RE de qualité moyenne (effet du mélange). Il faut aussi tenir compte du fait que les cours d’eau famenniens sont naturellement peu favorables (faible pente + courant lent + substrat faiblement caillouteux) au développement des Salmonidés (truite, ombre) et des autres poissons pondeurs sur gravier (barbeau, chabot). Enfin, les repeuplements (diversité et intensité) en poissons d’élevage influencent aussi la composition de la communauté des poissons.
Dans la Marchette aval étudiée en 2010, on trouve une bonne diversité piscicole (17 espèces) mais la communauté d’une ‘zone à barbeau’ présente d’importants déséquilibres structurels résultant de la pollution de l’eau venant de l’amont (Indice biotique Invertébrés benthiques souvent mauvais=8/20 en 1996-2008). Les Indices de qualité de l’eau d’après les poissons varient de ‘médiocre’ à ‘moyen/bon’ selon les méthodes et les lieux. La biomasse piscicole totale est nettement (3-4 fois) inférieure à ce qu’elle devrait être dans ce type de rivière en l’absence de pollution.
En matière de gestion durable de la qualité écologique et piscicole des milieux quelques propositions générales peuvent être formulées :
* Accorder une priorité absolue à l’amélioration de la qualité de l’eau par des actions sur la Marchette en amont du R. d’Heure (contrôle des rejets, épuration) sans négliger le R. d’Heure lui-même
* Améliorer l’habitat physique des poissons (notamment frayères et nurseries pour le brochet) et développer des opérations appropriées de repeuplement (truite fario, cyprins d’eau vive, civelles).
* Préserver et, si nécessaire, rétablir la libre circulation des poissons en remontée dans le bassin Marchette/R. d’Heure et encadrer les éventuels projets hydro-électriques