Abstract :
[fr] Affecter les émotions au registre corporel posé comme universel et stable aurait dû tomber depuis longtemps, mais les préjugés sont têtus. Malgré la diversité culturelle, le corps est habituellement convoqué comme nature posée dans son universalité. Les disciplines et écoles se sont partagé un territoire, préservant de la sorte leur autonomie. Corporéité et signification semblent condamnées à la divergence, positionnées de part et d’autre de ce que les auteurs dénomment « la couture ». Les déplacements de cette couture sont examinés au fil des théories concurrentes, pour en venir à l’analyse du point sensible où les « infiltrations » se manifestent, qui font craquer la couture, moment analytique privilégié pour la socio-anthropologie de la connaissance. On en arrive à une redistribution entre ce qui est intérieur et ce qui est extérieur, ce qui engage une redéfinition du corps, du psychisme, et de la sensibilité incarnée. Le cas des « enfants sauvages » est examiné à travers la littérature ethnographique classique qui leur a été consacrée, pour saisir à la fin l’importance incontournable du langage pour penser l’accession à l’humanité.
[en] Abstract : Body and soul. Passionately. The idea of emotions belonging to the bodily sphere as constituting a universal and stable fact should have fallen by the way a long time ago, but prejudices are stubborn. In spite of cultural diversity, the body is generally presented as nature in its universal essence. Different disciplines and schools of thought divided up the territory, each thus preserving its autonomy. Bodily matters and significations seemed thus condemned to divergence, each one positioned with regards to what the authors call “the seam” (la couture). Using competing theories, shifts from the seam are examined in order to arrive at the analysis of a critical point, there where “infiltrations” appear, that is infiltrations which will crack the seam and so provide a privileged analytical moment for the socio-anthropology of knowledge. We arrive then at a redistribution between what is interior and what is exterior, leading in turn to a redefinition of the body, the psyche and incarnated sensibility. The case of “wild children” is also examined. After consulting the classic ethnographic literature which deals with them, the analysis culminates with the inescapable importance of language for conceptualising the accession to humanity..