Keywords :
révolution industrielle; grandes villes; "bas peuple"; société; drame social; riches et pauvres; Etat; richesse minimum; classes sociales; prolétariat; misère; bourgeois; aristocratie; éducation spirituelle; classes privilégiées; pain et travail; enseignement élémentaire; école; organisation de l'enseignement; séparation totale de l'école et de l'Eglise; instituteurs; pédagogues; formation religieuse
Abstract :
[fr] Diesterweg sent - plus qu'il ne comprend, je crois - qu'il importe donc de rechercher une forme sociale qui rende possible la conciliation entre deux exigences en apparence opposées : le libre épanouissement de l'individu et la subordination aux nécessités de la communauté. Seul l'Etat véritablement démocratique peut répondre à de telles aspirations. Vivant dans une des périodes les plus réactionnaires de l'histoire de l'Occident, Diesterweg est conscient que cette Europe de l'Ancien Régime dont Metternich se croit appelé par le destin à être le médecin, porte en soi le cancer - le mot revient souvent sous la plume du pédagogue - qui le conduira inéluctablement à la mort. Deiters a dit de Diesterweg : ce fut un démocrate bourgeois avec un sens social nettement accusé >> ( I ). La formule nous paraît pertinente. Bourgeois, Diesterweg l'est à maints égards et si sa pédagogie réussit à s'imposer partiellement malgré la réaction, c'est précisément parce qu'elle répond en grande partie aux aspirations profondes de toute la bourgeoisie libérale de l'époque. Cette bourgeoisie se veut économiquement libre et la pédagogie de Diesterweg présente des caractères individualistes; la bourgeoisie désire l'unification de l'Allemagne qui, supprimant les barrières douanières, permettra la circulation plus facile d'une production industrielle que les marchés locaux ne peuvent plus absorber, et Diesterweg exalte les vertus nationales. Mais, homme de coeur, libre des entraves du capitalisme, le pédagogue ne peut fermer les yeux sur la misère du prolétariat. Lui qu'on a tant accusé d'irréligiosité, souffre dans son âme de chrétien au spectacle de la misère. Croyant encore juger le peuple <<de l'extérieur >>, il s'identifie cependant à lui et comprend et ( I) H. Deiters, Adolf Diesterweg - S cbriften und Reden, Berlin, Volk und Wissen Verlag, 1950, I-II, p. xln. G. DE LANDSHEERE partage ses aspirations. Ainsi naissent toutes ses propositions dans le domaine social. Si Diesterweg sort en apparence du domaine scolaire - et il s'en excuse avec humilité -c'est pour y revenir immédiatement. A société nouvelle, école nouvelle. Ainsi, nous voyons s'élaborer le plan d'un enseignement démocratique. Paul Barth a écrit avec raison : « En Diesterweg, tout le rationalisme revit; on peut même dire qu'il vit pour la première fois».