Abstract :
[fr] Pour nous limiter à un seul exemple de cet éclectisme, nous ne pouvons concevoir que les décisions de passage intervenant en fin de chaque année d'études universitaires soient prises seulement en fonction des résultats obtenus à un test à choix multiple se prêtant à la notation automatique. Assurément, l'introduction de ce type d'épreuves est hautement souhaitable pour le contrôle objectif et approfondi des connaissances, mais il ne suffit pas. L'évaluation du travail de l'année doit intervenir et la rencontre ultime du maître et de son élève apporter toutes les nuances que l'approche quantitative a laissées dans l'ombre. De même que l'introduction des machines dans l'industrie a permis à l'intelligence de prendre le pas sur la force musculaire et la routine avilissante, de même le contrôle automatique de la connaissance des faits, des méthodes et des techniques rend possible un examen final réellement centré sur les processus mentaux supérieurs et sur la personnalité. Dans le présent ouvrage, seule lévaluation des élèves ou, plus exactement, de ce qu'ils réalisent dans le domaine cognitif au cours de leurs études a été envisagée. Toutefois, il ne faut jamais perdre de vue qu'ils sont des personnes entières traversant un moment de leur vie, crucial pour leur développement physique, cognitif, affectif et social. Même si elle y prend beaucoup de place, l'école n'est pas toute leur vie. Loin s'en faut! Les professeurs, les établissements, le système scolaire doivent aussi être évalués. Chacun de ces autres aspects nécessiterait un précis au moins aussi complexe que celui-ci. On en trouvera une ébauche dans V. DE LANDSHEERE, L'éducation et la formation. Science et pratique, Paris, P.U.F., Collection 1" Cycle, 1992.
Conclusion : Les conclusions partielles se sont imposées à mesure que nous avancions dans cette étude déjà longue. Le sujet est pourtant loin d'être épuisé et les solutions proposées ne sont certainement pas définitives. Sortir des routines et ambitionner de traduire les grandes théories pédagogiques dans la pratique quotidienne de l'éducation, découvre tant d'écueils, tant de conditions à remplir que l'on risque d'être envahi par le doute et le découragement. Au risque de laisser nos lecteurs insatisfaits, nous n'avons pourtant pas voulu voiler les difficultés, et moins encore laisser croire à l'existence d'une docimologie achevée, capable de conduire à une évaluation parfaite, si on lui en donne les moyens. Vraisemblablement, et heureusement sans doute, la mesure rigoureuse des traits humains les plus fins restera toujours impossible: le sort nous garde de la machine à peser les âmes ! Que l'évaluation continue, formative s'insère fonctionnellement dans le processus d'enseignement et d'apprentissage dont elle devrait être indissociable, n'en supprime pas, pour autant, la nécessité d'une technique d'examen et de notation. Par ailleurs, l'exigence d'évaluations normatives, que l'éducateur peut regretter pour des raisons idéales, dépasse le domaine scolaire : elle correspond à un caractère fondamental de notre civilisation. Peut-être en sera-t-il un jour autrement. Si notre culture continue à s'intellectualiser, et donc à croître en complexité, ne voit toutefois pas comment elle pourrait renoncer complètement aux examens et aux concours. La position docimologique actuelle est résolument éclectique dans son désir de concilier les avantages certains de théories et de techniques nouvelles et l'apport indéniable et fondamental de l'analyse qualitative.