Abstract :
[fr] 1) Introduction
L’iatrogénie médicamenteuse, très courante chez la personne âgée, est un problème de santé publique. Cependant, il est possible d’en limiter les effets par une prescription adéquate. Divers outils spécifiques, tels que les listes de Beers (1) ou de Laroche (2) permettent d’évaluer le caractère inapproprié des médications.
2) Objectifs
Evaluer l’influence d’un avis pharmaceutique, rédigé conjointement à une anamnèse médicamenteuse, sur les prescriptions potentiellement inappropriées chez les patients hospitalisés en gériatrie au CHU de Liège.
3) Méthodologie
Etude prospective avec contrôle historique.
Analyse des médicaments potentiellement inappropriés à l’admission et à la sortie pour les patients hospitalisés entre octobre et décembre (2008 = contrôle historique ; 2009 = intervention) dans le service de gériatrie du CHU de Liège, provenant du domicile et consommant minimum 3 médicaments à l’arrivée à l’hôpital.
L’intervention consistait à réaliser une anamnèse médicamenteuse assortie d’un avis pharmaceutique relevant les prescriptions potentiellement inappropriées.
Les prescriptions étaient considérées comme inappropriées si elles étaient reprises sur une liste préalablement établie, basée sur les critères de Beers et de Laroche.
Les données concernant les traitements à l’admission proviennent du dossier médical informatisé pour le groupe historique et de l’anamnèse réalisée par le pharmacien pour le groupe intervention. Les médications de sortie, pour les 2 groupes, sont issues du dossier médical informatisé.
4) Résultats
50 patients ont été recrutés dans chaque groupe. L’âge moyen (82,9±6,0) et la répartition homme/femmes (34/66) sont semblables.
Le nombre moyen de médicaments à l’admission et à la sortie ne diffère pas entre les deux groupes (A : 7,7±2.9 vs 8,4±3.2, p=0,26 ; S : 8,2±3,0 vs 7,7±2,5, p=0,33). On observe cependant une réduction du nombre de médicaments entre l’admission et la sortie dans le groupe intervention (0,52±2.6 vs -0,72±2,9, p=0,028).
Le nombre moyen de médicaments potentiellement inappropriés à l’admission est semblable entre les deux groupes mais diminue significativement à la sortie dans le groupe intervention (A : 1,2±1,02 vs 1,1±1,02, p=0,78 ; S : 0,94±0,82 vs 0,56±0,54, p=0,019). Au sein de chaque groupe, le nombre de médicaments inadaptés diminue entre l’admission et la sortie mais la différence est plus marquée pour le groupe intervention (2008 : p=0,044 ; 2009 : p<0,0001).
On observe également une diminution de la durée d’hospitalisation entre 2008 et 2009 (médiane 17,5 vs 13 jours p=0,008).
5) Conclusion
Malgré un échantillon limité de patients et le caractère rétrospectif de certaines données, ces résultats démontrent la valeur ajoutée du pharmacien clinicien et d’un avis pharmaceutique à l’admission sur la qualité de la prescription médicamenteuse à la sortie d’une hospitalisation gériatrique. Cette expertise importante contribue à la prise en charge pluri-disciplinaire du patient âgé fragilisé.