Abstract :
[fr] Les sols des sites calaminaires sont constitués, entre autres, de phases minérales porteuses
d'éléments traces métalliques (ETM, en particulier le zinc, le plomb et le cadmium). Celles-ci
sont susceptibles d'évoluer dans le temps sous l'action des facteurs météoriques et biologiques, ce
qui engendre une redistribution des ET vers des compartiments qui sont caractérisés par des
dynamiques différentes, et généralement une augmentation de leur mobilité. Outre la durée
d'évolution, la nature des phases minéralogiques originelles porteuses d'ET est probablement un
élément important à prendre en considération dans la mobilité des ET.
Différentes techniques analytiques ont été combinées afin de déterminer cette spéciation : la
microscopie électronique à balayage, les extractions chimiques (simples et séquentielles) et les
tests de phytotoxicité.
Les résultats ont mis en évidence l’association majoritaire du zinc, du plomb et du cadmium avec
le compartiment organique du sol, la grande proportion de phases porteuses stables (silicates,
oxydes de fer) et la faible contrainte de ces sols sur la germination de l’orge et du maïs. Il semble
que la grande proportion des ETM présents dans ce type de sites ne sera remobilisée que par des
conditions particulièrement agressives.
Il reste cependant que des phases porteuses instables ont également été observées (sulfates) et que
la fraction adsorbée et/ou liée aux carbonates est, après le compartiment organique, celle
contenant proportionnellement le plus de plomb et de cadmium (éléments les plus préoccupants
pour l’environnement). Les teneurs totales en ETM dans ces sols étant considérables, cette
dernière fraction contient dès lors malgré tout de très fortes teneurs en ETM en valeurs absolues.
De plus, la végétation typique et peu luxuriante présente sur ces sites laisse quand même
supposer un effet de ces fortes teneurs en ETM.
Il faut se garder de juger de la dangerosité environnementale uniquement sur base de ces tests, ce
travail n’en donnant qu’une première approche. Pour évaluer plus précisément le fonctionnement
de ce système, des comparaisons temporelles pour connaître la réactivité de la matière organique
devraient être réalisées et des méthodes microscopiques plus fines et des tests impliquant
davantage l’ensemble du cycle de la plante devraient être utilisés.
La connaissance de cette spéciation doit permettre de prévoir le risque de transfert des ETM dans
les systèmes sol-plante-eau suite à des modifications physico-chimiques du milieu et
éventuellement, de mettre au point des solutions de décontamination adaptées.