Abstract :
[fr] L’imaginaire collectif réserve une place particulière à la "France éternelle", fer de lance de la civilisation européenne, fière de l’héritage de son passé comme des "principes de 89". Le devenir, le rôle voire la mission de la "France nouvelle", celle du rédempteur de Gaulle, font débat en 1944-45. Dans une Europe en ruines, elle est l’inconnue de l’heure, celle dont le futur peut être fait du meilleur comme du pire. À la fois proches et différents d'elle, les francophones de Belgique, pétris de la même culture, oscilleront cependant entre amour et haine, entre la proclamation d’une parenté spirituelle et ethnique, et le souci d’affirmer une identité propre, la future belgitude. Pour eux aussi, la période 1944-45, entre les stigmates de la guerre et les déchirements de la Question Royale, n’est qu’une suite d’interrogations. Pour la première fois, le mouvement wallon se montre plus actif et revendicatif qu’un flamingantisme contraint par ses mauvais choix à une courbe rentrante. Craintes ou espoirs, étayés par le mythe de cette France résistante et novatrice, tant en politique intérieure qu’extérieure, agitent au besoin l’hypothèse d’un rattachement. Mais, très rapidement, le mythe fait place au malaise entre Bruxelles et Paris, d’autant que, désormais, la France doit affronter, sur tous les terrains, la fascination exercée par ses concurrents Anglo-Américains.