Abstract :
[en] A lot of settlements, some of which were occupied as long as 300 000 years ago, yielded small quantities of colouring matter. These quantities increased as time went by and as the palette of colours diversified, to reach a remarkable climax during the Upper Palaeolithic. Yet colouring matter has been widely ignored, notwithstanding the great potential information they contain about the technical knowledge, the cognitive capacities, the socio-cultural organisation of prehistoric societies and more generally about aesthetic and symbolic conceptions or even language. The cave of Chauvet (Ardèche, France) is the most ancient testimony of cave drawing in Europe, with representations whose radiocarbon dating by AMS is 31 000 B.P. The origins of this form of art, which already evidences a perfect graphic mastery, are unknown and cannot be found in the previous periods. We thus have to search for clues of these artistic preoccupations in the colouring matter remains of more ancient cultures. But the use of colouring matter is far from limited to the production of parietal art, that was probably an exception among a large scope of more domestic uses, so far very little studied. We studied then a collection coming from the Chatelperronian layers in the “Grotte du Renne” (Arcy-sur-Cure, France), which was excavated in the 60’ by André Leroi-Gourhan. It is a very rich collection of pigments with various shades, which were systematically collected during the excavation. The ultimate purpose is to reconstitute the gestures that enabled the last Neanderthals in Europe to transform the colouring, abrasive, drying and prophylactic properties of these materials. This methodology also proposes to shed some light on their domestic and symbolic utilisations and to evidence the «chaînes opératoires» in the industry of colouring matter; and thus define the roles and the statutes
of these materials in the societies of the Early Upper Palaeolithic period.
[fr] Résumé.De nombreux sites, dont certains occupés il y a au moins 300 000 ans, ont livré de petites quantités de matières colorantes. Ces quantités ont peu à peu augmenté et la palette de couleurs exploitées s’est diversifiée avec le temps jusqu’à atteindre une apogée durant le Paléolithique Supérieur. Les matières colorantes ont longtemps été ignorées dans les études archéologiques alors qu’elles sont porteuses d’informations révélant des connaissances techniques, des capacités cognitives, des organisations socio- culturelles et, plus généralement, des comportements esthétiques ou symboliques voire le langage. La grotte Chauvet (Ardèche, la France) est le plus ancien témoignage d’art pariétal en Europe, avec des représentations, datées de 31 000 B.P. par carbone 14.
Les origines de cette forme d’art, qui révèle déjà une maîtrise graphique parfaite, sont inconnues et ne sont rattachées à aucun témoignage artistique dans les périodes précédentes. Nous devons ainsi chercher les indices de ces préoccupations artistiques dans les restes de matière colorante des cultures plus anciennes.
Mais l’utilisation de matière colorante est loin d’être limitée à la production d’art pariétal, qui était probablement une exception parmi un large panel d’utilisations plus domestiques, jusqu’ici peu envisagées. Nous avons donc entrepris l’étude de la collection de matières colorantes venant des couches châtelperroniennes de la « Grotte du Renne » (Arcy-sur-Cure, France), qui a été fouillée dans les années 1960 par André Leroi-Gourhan. C’est une très riche collection de matières colorantes aux teintes variées, qui ont été systématiquement récoltées pendant les fouilles. Le but ultime de ce travail est de reconstituer les gestes qui ont permis aux derniers Néandertaliens d’Europe de transformer la couleur, les qualités abrasives et de séchage et les propriétés prophylactiques de ces matériaux. Ce travail propose également de révéler leurs utilisations domestiques et symboliques et d’apporter des éléments qui permettent de décrire les « chaînes opératoires » de l’industrie des matières colorantes pour ainsi définir les rôles et statuts de ces matériaux dans les sociétés du début du Paléolithique supérieur.