Les mots de la jeunesse. Réflexions critiques sur l'utilisation d'un concept en Belgique francophone

Dans la Belgique de cette fin de siècle, il ne semble pas que la jeunesse soit à la mode ou que la mode soit à la jeunesse comme durant les années soixante, à un moment où une génération, numériquement nombreuse, était apparue sur la scène sociale, plus différente que jamais des anciennes générations. Pourtant, les jeunes sont bien présents. Présents dans les revendications estudiantines qui ont secoué la Belgique francophone entre 1994 et 1996, dans les centres destinés à prolonger la formation de ceux qui ont décroché du système scolaire traditionnel, dans les émeutes urbaines qui ont secoué en 1997 les quartiers défavorisés de Bruxelles, dans des établissements scolaires de zones d’éducation prioritaire où parfois des enseignants sont victimes d’agression, dans les campagnes prophylactiques ou dans les enquêtes sur la santé physique et mentale, dans les représentations sociales de l’insécurité urbaine. On les retrouve également au cœur d’actions politiques qui sont plus particulièrement destinées à faciliter leur insertion professionnelle. Le statut qu’on leur reconnaît associe âge et rapport problématique à la formation ou au monde du travail.