[fr] Cette thèse explore la diversité spécifique, l’histoire évolutive et l’écologie trophique des représentants du genre Phylloporia (Hymenochaetaceae, Basidiomycota). Au cours des deux dernières décennies, ce genre a révélé une diversité taxonomique remarquable avec près de 100 espèces aujourd’hui décrites. Pourtant, les relations évolutives entre ces espèces restent aujourd’hui en grande partie non résolues. De plus, leur mode de nutrition n’avait jusqu’à présent jamais été véritablement étudié et les Phylloporia ont longtemps été supposés saprotrophes, par analogie avec leur appartenance à la famille des Hymenochaetaceae. Or, plusieurs observations indiquent que les Phylloporia semblent plutôt associés dans une relation biotrophe avec leurs hôtes respectifs, sans signes visibles de dégradation.
Les résultats de cette thèse apportent un éclairage nouveau sur la classification évolutive du genre, en s’appuyant sur des données génétiques multigènes, ainsi que des caractères morpho-écologiques. De plus, les analyses isotopiques, les observations microscopiques ainsi que les analyses génomiques réalisées permettent de mieux cerner le type d’écologie trophique partagé par les espèces du genre, définie ici par le terme de « sap-dependent biotrophism ». Cette thèse met ainsi en lumière un modèle trophique original au sein des Hymenochaetaceae à la croisée des stratégies écologiques fongiques classiques. Elle propose également un premier cadre structurant pour retracer l’histoire évolutive du genre et met en évidence plusieurs sous-clade supportés par des données génétiques, écologiques et morphologiques. Enfin, cette thèse souligne le rôle central de la spécificité de l’hôte chez Phylloporia, qui semble avoir guidé l’évolution du groupe et devrait constituer à l’avenir un caractère descripteur clé pour la délimitation des taxons au sein du genre.