Abstract :
[fr] Les activités anthropiques, accentuées par une croissance démographique rapide, exercent une forte pression sur les écosystèmes forestiers. Les forêts tropicales sèches, telles que celles de l’écorégion zambézienne en Afrique centro-australe, comptent parmi les plus touchées. Dans la région minière du sud-est de la République Démocratique du Congo (RD Congo), en particulier dans le bassin de production du charbon de bois (BPCB) de Lubumbashi, les forêts claires de miombo subissent une déforestation et une dégradation rapides, exacerbées par l’urbanisation et la demande croissante en produits agricoles et énergétiques, dans un contexte de gouvernance forestière insuffisante.
Dans ce contexte, cette étude a analysé les dynamiques spatio-temporelles de la déforestation et de la dégradation des forêts de miombo dans l’écorégion zambézienne, en évaluant l’impact des pressions anthropiques dans le BPCB de Lubumbashi (Haut-Katanga). Pour atteindre cet objectif, une approche intégrée a été adoptée, combinant des techniques de télédétection (à partir d’images satellitaires Landsat couvrant la période de 1979 à 2023), les systèmes d’information géographique (SIG), la cartographie, ainsi que des analyses d’écologie du paysage. En complément, des inventaires écologiques ont été réalisés dans 256 placettes d’échantillonnage réparties dans cinq villages du BPCB et un domaine protégé. Ces relevés ont permis d’identifier les principaux facteurs de dégradation et de caractériser la diversité floristique et les paramètres dendrométriques associés.
Les résultats de l’analyse de la dynamique paysagère révèlent une réduction significative des forêts dans l’écorégion zambézienne, avec un taux de déforestation de 0,93 %, ainsi que des variations selon les pays entre 2000 et 2023. Au Sud-Est de la RD Congo, autour des agglomérations, la couverture naturelle a été remplacée par l'agriculture, la production énergétique et l'urbanisation. Entre 2010 et 2020, ces perturbations se sont accentuées, notamment dans un rayon de 25 km autour de Lubumbashi et Kolwezi, où les zones bâties devraient dominer respectivement d'ici 2060 et 2075.
Dans le BPCB de Lubumbashi, le taux de déforestation a atteint 1,51 % par an sur la période 1990–2022, au profit des savanes, sans épargner les aires protégées. En effet, dans le Domaine de Chasse de Kiziba-Baluba (DCKB), la déforestation annuelle a été de l’ordre de 1,84 % entre 1989 et 2023. Ces pertes forestières s’accompagnent d’une fragmentation accrue, isolant les taches forestières, tandis que les savanes se caractérisent par une agrégation et une expansion de leurs taches. Les inventaires indiquent que les coupes pour la production de charbon de bois et les feux de végétation sont les principales causes de la dégradation forestière, induisant une faible diversité floristique et de faibles valeurs dendrométriques particulièrement dans les écosystèmes jeunes. Toutefois, les forêts de miombo au sein du BPCB montrent un potentiel de régénération et de préservation de leur diversité, offrant ainsi des perspectives prometteuses pour la restauration.
Ces résultats illustrent l’intensification des pressions anthropiques dans l’écorégion zambézienne, et plus particulièrement dans le BPCB de Lubumbashi. Ils soulignent l’urgence d’élaborer des stratégies régionales et nationales intégrant une gouvernance forestière participative, la régénération naturelle, l’agriculture durable et la promotion des énergies propres pour atténuer la déforestation et préserver ces écosystèmes fragiles.
Title :
Déforestation et dégradation du miombo dans l’écorégion zambézienne : dynamique spatio-temporelle et impacts des pressions anthropiques dans le bassin de production de charbon de bois de Lubumbashi (Haut-Katanga, RD Congo)
Alternative titles :
[en] Deforestation and degradation of miombo in the Zambezi ecoregion: spatiotemporal dynamics and impacts of anthropogenic pressures in the Lubumbashi charcoal production basin (Upper Katanga, DR Congo)