Abstract :
[fr] Ce projet de thèse de doctorat relève de l’histoire de l’architecture et de l’histoire de la construction, ainsi que, par certaines approches, de l’archéologie du bâti. Il vise à appréhender le processus d’édification des bâtiments monumentaux en Belgique au XIXe siècle, à travers un corpus de six chantiers universitaires : les six Instituts scientifiques « Trasenster » érigés à Liège entre 1880 et 1889 selon les plans de l’architecte Lambert-Henri Noppius (1827-1889). Le projet de recherche, ayant débuté à la fin du mois de janvier 2025, a obtenu un financement du Fonds pour la Recherche en Sciences Humaines (FRESH) du FNRS.
Les Instituts Trasenster, exceptionnellement proches tant du point de vue géographique que temporel, constituent une opportunité remarquable d’étudier le patrimoine académique en tant que production architecturale issue de la collaboration du milieu universitaire, du secteur du bâtiment et des instances publiques. Les pratiques, les modes de fonctionnement et les interactions de ces groupes sociaux dans la conception et la construction des édifices ciblés seront donc mis en avant. Cette recherche permettra ainsi notamment de dévoiler les éventuelles expérimentations formelles et techniques du milieu de la construction en rapide évolution à cette époque, d’étudier la gestion d’un projet universitaire par l’État belge et la Ville de Liège, ainsi que de déterminer le rôle de l’Université de Liège dans le développement urbain, en tant que maître d’ouvrage.
Pour aborder ces problématiques, la recherche adopte une approche interdisciplinaire, combinant les méthodes de documentation du domaine de l’architecture, de l’archéologie et de l’Histoire, avec l’utilisation d’outils des humanités numériques pour traiter et visualiser les données collectées. Elle emploie en outre un cadre de réflexion théorique issu de la sociologie, celui de la Théorie de l’Acteur-Réseau de Bruno Latour, dans le but d’aborder les dimensions tant matérielles, sociales et techniques du processus d’édification.
Cet approfondissement et cette mise en perspective des études déjà conduites sur une partie des bâtiments permettront d’enfin développer une lecture complète et intégrée de ce corpus architectural remarquable. Ce travail s’avère fondamental et urgent, vu les risques de voir prochainement disparaitre, au gré des adaptations ou reconversions dont ces bâtiments sont l’objet, des éléments architecturaux ou d’équipements non documentés, et avec eux, de voir s’effacer tout un pan de l’histoire architecturale, universitaire et scientifique. Le projet ambitionne ainsi de participer à l’évaluation, la protection et la valorisation de ces édifices en danger et d’entamer un dialogue à plus vaste échelle sur la sauvegarde et les enjeux particuliers liés au patrimoine académique.