Abstract :
[fr] Religion et spiritualité prennent une part importante dans la société actuelle, et sont pourtant rarement considérées dans l’étude de la désistance dans le champ de la criminologie. La présente recherche – prenant place en Belgique et France – s’intéresse donc à l’étude des croyances spirituelles et religieuses dans la sortie de la délinquance. Nous avons ainsi rencontré lors d’un entretien semi-structuré sept hommes et femmes adultes auteurs d’infractions. Les critères d’inclusion définis étaient les suivants : être majeur, avoir commis plusieurs infractions et ne plus en avoir commis depuis au moins un an. Religion et spiritualité n’en faisaient pas parties, afin de les laisser émerger sans biais. Les matériaux ont été analysés selon la méthodologie qualitative de l’analyse thématique de contenu. Nos résultats rendent compte de la multiplicité de facteurs à l’œuvre dans la désistance : religion, travail, parentalité sont autant de dimensions évoquées par nos participants. Religion et spiritualité apparaissent dans nos données comme soutenant tant les changements comportementaux qu’identitaires. C’est ici l’investissement du facteur de désistance par l’individu qui est déterminant : si la présence de croyances religieuses ou spirituelles ne garantit pas l’engagement dans une trajectoire de sortie de la délinquance, elles peuvent en être de réels moteurs, si investies par la personne. A l’instar de la parentalité ou du travail, elles permettent à l’individu de se redéfinir dans une identité autre, de nouvelles relations sociales, et ainsi de se détacher des milieux délinquants sur le long terme. Ne pas s’arrêter au type de croyances, ou simplement à la présence de celles-ci, apparaît dans nos données comme une richesse dans la compréhension du processus de désistance. Les mécanismes sous-tendant ce dernier peuvent se reposer sur de multiples facteurs, faire face à des temporalités différentes, et pourtant tout de même être portés par des aspirations communes.