Abstract :
[fr] La mangrove du Saloum est une zone d'importance socio-économique et écologique. Toutefois, elle subit une dégradation due aux effets conjugués de plusieurs paramètres qui, jusque-là, n'ont pas fait l'objet d'investigations scientifiques. L'objectif de cette recherche est d'étudier les caractéristiques biophysiques de la mangrove du Saloum. L'approche méthodologique a consisté à faire un inventaire floristique complété par une mesure des paramètres physico-chimiques de l'eau et du sol suivant un gradient (zones périphérique, tampon et centrale) dans 5 villages polarisés par la mangrove. L'analyse de variance a montré des différences hautement significatives entre les villages et les zones pour toutes les variables étudiées. La mangrove est paucispécifique avec la présence de Rizhophora racemosa (52,11%), R. mangle (30,20%), Avicennia africana (18,20%), Conocarpus erectus (0,45%) et Laguncularia racemosa (0,04%). L'analyse multivariée a permis de classer les villages en trois groupes. Bagadadji et Massarinko, caractérisés par des taux faibles de salinité (respectivement 3,40±0,27 et 4,01±0,85%), de faibles conductivités (respectivement 56,71±2,03 et 59,83±10,30 µS.cm-1), une température et un oxygène dissous optimaux, un sol à texture argileuse à argilo-sableuse, présentent les espèces les plus développées en hauteur et en diamètre. La régenération naturelle est plus marquée à Bettenty. Un phénomène d'estuaire inverse a été observé avec la dominance de R. racemosa au centre (moins salé) et la codominance de R. mangle et A. africana à la périphérie (plus salée). Pour une gestion durable des écosystèmes de mangroves, l'élaboration d'un plan de gestion participatif serait importante. En perspectives, il serait intéressant d'approfondir les connaissances sur la génétique et l'adaptabilité des espèces aux facteurs abiotiques notamment à la salinité.