Abstract :
[fr] Cette recherche a pour objectif de comprendre les stratégies de réinsertion des enfants en situation de rue en usage au Burundi, ainsi que les logiques qui les sous-tendent. Pour collecter les données, nous avons utilisé des entretiens semi-structurés et des observations directes et indirectes des enfants en situation de rue et des acteurs impliqués dans la protection. L'analyse du corpus empirique de 46 interviewés nous a permis de mettre en évidence des stratégies de réinsertion entourées par divers défis, mais aussi des opportunités. L’approche répressive semble prédominer dans ce travail, et ce sont les rafles intempestives qui sont souvent utilisées par la police et ses collaborateurs. L’exposition répétitive à des rafles policières peut causer, en plus du stress, un traumatisme sévère aux enfants en situation de rue. Bon nombre de nos interviewés, y compris les assistants sociaux, témoignent que le programme de retrait des enfants en situation de rue n’a pas été bien préparé, car certains d’entre eux ignorent même ses objectifs. Les mouvements de retour de ces enfants témoignent d'un signe de résistance, et sont à l’origine de mépris et d’auto-accusation entre acteurs. Les résultats démontrent la nécessité d’adopter des approches différenciées et adaptées à la spécificité de chaque enfant. Il est important que la société burundaise soit conscientisée de la diversité des parcours de ces enfants, et ainsi penser à des solutions qui répondent convenablement à leurs besoins.
[en] The aim of this study is to understand the strategies used in Burundi to reintegrate street children, and the rationale behind them. To collect data, we used semi-structured interviews and direct and indirect observations of street children and actors involved in protection. Analysis of the empirical corpus of 46 interviewees enabled us to highlight reintegration strategies surrounded by various challenges, but also opportunities. The repressive approach seems to predominate in this work, and untimely raids are often used by the police and their collaborators. Repeated exposure to police raids can cause not only stress, but also severe trauma for street children. Many of our interviewees, including social workers, testify that the program to remove all street children has not been well prepared, as some are even unaware of the project's objectives. The return movements of these children are a sign of resistance, and a source of contempt and self-accusation among the players. These results demonstrate the need to adopt differentiated approaches tailored to the specific needs of each child. It is important for Burundian society to be aware of the diversity of these children's backgrounds, and to think of solutions that respond appropriately to their needs.