Abstract :
[fr] Le reliquaire portatif découvert à Andenne en 1909 a fait l’objet de nombreuses études, dont les plus récentes le datent de la première moitié du VIIIe siècle, voire plus précisément du premier tiers du VIIIe siècle. À ce jour, on compte une dizaine de reliquaires portatifs en Europe pour cette époque. L’exemplaire andennais ressort de cette série, grâce à la conservation de ses reliques et de leurs authentiques, dont neuf étaient encore lisibles et étaient, dans leur majorité, attribuables à des saints romains. La présence de ce contenu exceptionnel a permis la présente enquête, nourrie par la relecture de trois sources écrites quasi contemporaines et, jusqu’ici, quelque peu délaissées par l’historiographie précédente quant au potentiel parcours de ces reliques : une lettre du pape Martin Ier à l’évêque Amand de Maastricht (envoyée vers 649-650), la Vita prima Gertrudis (ca 670) et les Virtutes Gertrudis (ca 700). Le croisement de ces trois sources fait émerger un schéma cohérent quant au trajet des reliques contenues dans le coffret andennais. L’essentiel de ces précieux ossements romains aurait été envoyé par le pape suite aux demandes d’Amand et/ou de Gertrude, fille de Pépin Ier et Itte et abbesse de Nivelles, vers le milieu du VIIe siècle, c’est-à-dire peu après la fondation de l’abbaye vers 648-649 ; l’abbesse Agnès de Nivelles en fit ensuite don à l’abbaye d’Andenne, fondée vers 692 par Begge, sœur de Gertrude. Ainsi, si le reliquaire est à dater de la première moitié du VIIIe siècle, son contenu fut réuni, semble-t-il, un peu plus tôt, dans la seconde moitié du VIIe siècle, dans le contexte originel des abbayes pippinides de Nivelles et d’Andenne.