Abstract :
[fr] Ces dernières décennies, nos sociétés occidentales ont connu une série de transitions idéologiques et politiques concernant les systèmes de croyances, de valeurs et mœurs communément partagés par les individus. Technologies, réseaux sociaux, systèmes éducatifs et nouvelles configurations familiales représentent autant de repères en évolution qui influencent l’humain, son développement et son comportement. La violence sexuelle, en tant que passage à l’acte prenant sens et fonction dans une
trajectoire de vie, n’échappe pas à ces modifications sociétales comme individuelles. Comment dès lors peut-on penser la clinique de l’abus sexuel au sein de la société post-moderne ? Cette communication aura pour objectif de s’ancrer dans la clinique des auteurs d’infractions à caractère sexuel pour la considérer comme un reflet des transformations sociétales. Dans un premier temps seront mis en exergue les vécus des patients quant à ces nouveaux repères et normes – ou justement l’absence et la disparition des repères –, mais aussi les dynamiques et moyens modernes du passage à
l’acte. Apparait alors en filigrane, la réflexion sur l’intégration de ces transformations dans nos pratiques, mais aussi la nécessité de garder un regard critique sur leurs dérives possibles. Le postulat d’une société de l’ubiquité, de l’immédiateté et de l’égocentrisme nous amènera à envisager quatre axes de réflexions. Le premier situe la clinique pluridisciplinaire en centre de santé mentale comme la constitution d’un espace-temps transitionnel permettant structure et différenciation. Le second soutien l’intérêt de la rencontre humaine, au-delà des écrans, comme une expérience correctrice favorisant l’empathie et l’altérité. Le principe de responsabilité (ou agentivité) sera ensuite mis en
avant comme alternative au dilemme penser-agir. Enfin, comme clôture sera proposée une ouverture sur le renouvellement de nos pratiques au travers d’une approche intégrative davantage centrée sur l’expérience de l’individu que sur des méthodes et théories prédéfinies.
[en] In recent decades, Western societies have undergone a series of ideological and political transitions regarding the belief systems, values, and norms commonly shared by individuals. Technologies, social networks, educational systems, and new family configurations represent evolving markers that influence human beings, their development, and their behavior. Sexual violence, as an act that holds meaning and function within a life trajectory, is not exempt from these societal and individual shifts. How, then, can we conceptualize the clinical approach to sexual abuse within the framework of postmodern society? This presentation aims to ground itself in the clinical practice with individuals who commit sexual offenses, considering their behavior as a reflection of broader societal transformations. First, we will highlight the experiences of these individuals in relation to these emerging norms and markers—or, conversely, the absence and erosion of such reference points—as well as the modern dynamics and mechanisms underlying the transition to action. Implicitly, this invites a deeper reflection on how these transformations influence our practices, while also underscoring the necessity of maintaining a critical perspective on potential pitfalls. The premise of a society defined by ubiquity, immediacy, and egocentrism will lead us to explore four axes of reflection. The first considers the role of multidisciplinary clinics within mental health centers as transitional spaces that provide structure and differentiation. The second emphasizes the importance of human connection beyond screens, proposing it as a corrective experience that fosters empathy and otherness. The third highlights the principle of responsibility—or agency—as an alternative to the thinking-acting dichotomy. Finally, we will conclude with an exploration of renewing our practices through an integrative approach, one that is more centered on the individual’s lived experience rather than predefined methods or theories.
