[fr] : Fondée en 1968, la revue Chorus s’est construite autour d’un groupe de poètes (qualifiés de « nouveaux réalistes ») et de plasticiens (peintres et sculpteurs appartenant à l’avant-garde artistique), rassemblés autour d’un même leitmotiv : « déchiffrer le langage de la réalité quotidienne ». Cet article analyse les différents moyens (maquettes et couvertures, choix de mises en pages, procédés de désauctorialisation favorisant des montages de textes anonymisés) mis en œuvre par la revue pour instaurer une « énonciation éditoriale » chorale. Nous analysons ainsi la manière dont contributions textuelles et visuelles convergent vers l’expression d’un même constat, à savoir la saturation des images dans l’espace urbain. Notre étude se fonde également sur la revue Monsieur Bloom, créée par Franck Venaille en 1981. Cette fois le poète dirige seul ; il procède par commandes auprès d’auteurs et plasticiens et se sert de l’espace de la revue pour mettre en scène la dimension matérielle et concrète du travail d’écrivain (manuscrits et tapuscrits, photographies, cartes postales reçues). Présentant une pagination continue, les six numéros de Monsieur Bloom rassemblent une collectivité de voix autour la conception de l’écriture de Venaille, dont le souhait est d’estomper les différences de styles à travers l’idée d’une narration polyphonique. Ces deux aventures éditoriales attestent en définitive du dépassement de l’idée de revue comme anthologie et illustrent les potentialités de l’objet-revue lorsqu’il se trouve au croisement entre différents régimes esthétiques.