Lost in transition. François Hotman, sieur de Morfontaine ou les voies difficiles d’un « diplomate moyen

Le XVIe siècle marque un tournant décisif dans l'histoire de la diplomatie européenne. On assiste à une profonde mutation des pratiques, caractérisée par le passage d'ambassades ponctuelles à des représentations résidentes et permanentes. Le royaume de France joue un rôle moteur dans ce processus, s'efforçant de structurer un corps diplomatique professionnalisé pour faire face aux défis d'un continent divisé par les conflits géopolitiques et religieux.
C'est dans ce contexte que s'inscrit la figure de François Hotman, sieur de Morfontaine. Son parcours illustre de manière emblématique l'émergence de nouvelles pratiques diplomatiques et la prise de conscience progressive de leur dimension politique. À travers lui, se dessinent les contours du diplomate moderne, médiateur entre les princes et architecte d'un dialogue fragile dans une Europe déchirée par les guerres de Religion.
Plus que par le mince écho de son ambassade de 1597-1600, cette figure passe à la postérité grâce à son neveu, Jean Hotman. C'est lui qui joue un rôle clé dans la formalisation de pratiques émergentes. Dans son traité *De la charge et dignité de l'Ambassadeur*, publié en 1603, il rend un discret hommage à Morfontaine, à la suite duquel, lors de son ambassade, il a pu concevoir en actes les voies nouvelles empruntées par la diplomatie résidente. Dans un opuscule de 1597, Jean qualifie également son oncle de véritable chef de la famille Hotman : je cite « Ce sera donc sous la faveur de vostre nom, puis que vous estes l'honneur de nostre nom, le chef de la famille, de laquelle nous nous promettons que vous serez quant et quant le support ».