Abstract :
[fr] « […] soudain que nous aurons résolu quelque chose, je vous an avertirai par un jeune homme que j’ai dit à Monsieur du Laurens que je vous enverrai pour le soulager, et pour servir ès affaires qu’il a sous vous ; il est fils d’un des principaux commis de feu Monsieur de L’Aubespine mon beau pere, où il n’avoit pas gagné tant de bien que font aujourd’hui les moindres qui se mêlent de manier la plume ». Lettres de Villeroy à Jacques de Matignon, 1749, p. 174. « C’est une chose horrible et incroyable de veoir 1 500 ou 1 600 personnes employées à ce que 10 ou 12 manioient du temps des Rois Louis XII et François Ier ». Bibl. nat. Fr., ms. fr. 3888, fol. 119, « Remonstrance presentée au roy Henry IV, de la part de sa cour de parlement de Paris, par monsieur de Harlay, premier president. A Fontainebleau, janvier 1597 ». Le motif de la croissance formidable du personnel pré-bureaucratique au sortir des guerres de Religion, chez deux administrateurs de premier plan – Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy, secrétaire d’État de 1567 à 1617 ; Achille de Harlay, diplomate et premier président au parlement de Paris – est un topos des années 1594 aux années 1624, tant la lutte pour les places entre dans une phase décisive au début du XVIIe siècle, très concrètement objectivable par le renchérissement des offices bureaucratiques. Dans ce contexte, et en lien avec la conduite de nos recherches actuelles au F.R.S.-FNRS, nous souhaitons nous interroger sur la représentation discursive – textuelle et iconographique – des activités d’écriture et des professionnels de l’écrit politique au sortir des conflits confessionnels, sur le temps long du XVIIe siècle, afin de comprendre comment les objets techniques – principalement les volumes de travail, progressivement fermés et constitués en portefeuille – font leur apparition dans la représentation des bureaux centraux de la monarchie. Partant, on analysera sur pièces quelles valeurs, désormais positives, sont associées à l’écrit et aux activités d’écriture, aux lieux que constituent les bureaux, aux hommes qui manient la plume. Très concrètement, comment passe-t-on de la représentation d’un Villeroy ou d’un Walsingham – le maître-espion d’Élisabeth Ire -, où ne figure aucun objet technique, à celle d’un Richelieu ou d’un Colbert, comme noyés sous les lettres et volumes, les mains noircies de tenir la plume nuit et jour. Ce sont les raisons de cette forte polarisation que nous interrogeons. Notre périmètre d’enquête est principalement constitué par les bureaux centraux des monarchies française, anglaise et espagnole, avec une dilatation aux premières colonies afin d’interroger les migrations et hybridations de modèles politique sous l’effet du gouvernement à distance.
[en] « […] soudain que nous aurons résolu quelque chose, je vous an avertirai par un jeune homme que j’ai dit à Monsieur du Laurens que je vous enverrai pour le soulager, et pour servir ès affaires qu’il a sous vous ; il est fils d’un des principaux commis de feu Monsieur de L’Aubespine mon beau pere, où il n’avoit pas gagné tant de bien que font aujourd’hui les moindres qui se mêlent de manier la plume ». Lettres de Villeroy à Jacques de Matignon, 1749, p. 174. « C’est une chose horrible et incroyable de veoir 1 500 ou 1 600 personnes employées à ce que 10 ou 12 manioient du temps des Rois Louis XII et François Ier ». Bibl. nat. Fr., ms. fr. 3888, fol. 119, « Remonstrance presentée au roy Henry IV, de la part de sa cour de parlement de Paris, par monsieur de Harlay, premier president. A Fontainebleau, janvier 1597 ». The present study will examine the motif of the tremendous growth in pre-bureaucratic staff at the end of the Wars of Religion, in the case of two leading administrators. Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroy, secretary of state from 1567 to 1617, and Achille de Harlay are the focus of this analysis. This motif, which is a topos from 1594 to 1624, is particularly pertinent given that the struggle for positions entered a decisive phase at the beginning of the 17th century, as evidenced by the increase in the cost of bureaucratic offices. In this context, and in line with our current research at the F.R.S.-FNRS, we propose to examine the discursive representation – both textual and iconographic – of writing activities and of the professionals of political writing in the aftermath. This will be achieved by examining the discursive representation of writing activities and the professionals of political writing in the aftermath of denominational conflicts during the long period of the seventeenth century. The purpose of this examination is to understand how technical objects, principally volumes of work, progressively closed and constituted into portfolios, made their appearance in the representation of the central offices of the monarchy.As a result, the following will be analysed: the now positive values associated with the written word and writing activities, the places constituted by the offices and the men who wielded the pen. In particular, the transition from the depiction of a Villeroy or a Walsingham – Elizabeth I's spymaster – where there are no technical objects, to that of a Richelieu or a Colbert, as if drowned in letters and volumes, their hands blackened from holding the quill day and night, is a key area of investigation. The investigation will focus on the central offices of the French, English and Spanish monarchies, with a geographical extension to the first colonies, in order to examine the migrations and hybridisations of political models under the effect of remote government.