Migrants africains au Maroc : des morts « en» ou «par » la migration?

Dans les villes marocaines la morbidité des migrants dits subsahariens s’explique par leur précarité économique et administrative, l’habitat insalubre, les maladies, les accidents du travail et les inégalités qu’ils incorporent au fil des années de leur séjour. Le terme de «mort naturelle » est souvent repris par les proches des personnes décédées même lorsque celle-ci résulte du régime frontalier des politiques migratoires et de l’exposition à la mort qui en découle. Présenter la mort comme étant «naturelle » permet de garder la face et d’essayer de rendre ces «mauvaises morts » plus acceptables. Les différentes histoires livrées dans ce chapitre nous montrent qu’il n’est pas pertinent de distinguer la mort « en» et «par » la migration. Qu’elle soit “en” ou “par”, la mort d’un migrant est toujours le produit d’un ordre politique.