Abstract :
[en] The last two decades have witnessed considerable friction in English linguistics and Anglophone literary studies between some researchers sympathising with a fairly recent "global" framework and other scholars favouring the more firmly established "postcolonial" one – the former paradigm not infrequently rated as a potential threat to the relevance of the latter. In the fields under consideration, the two paradigms appear to have been discordant, I propound, with respect to the use of two words in particular: "variety (of English)" and "world (literature)", whose interpretations tend to collide and differ. More specifically, a number of linguists describing the phenomenon English as a Lingua Franca (ELF) have faced criticism from the postcolonially-oriented strand of world Englishes (WE) scholars about their (temporary) reliance on the WE concept of variety of English to characterise ELF, while several postcolonial literary commentators have underscored the unclear meaning of the term "world (literature)" employed by early thinkers of new world literature. The present doctoral thesis offers to investigate these essentially theoretical disputes through linguistics-driven analyses of academic writings that are of major significance to each of the four subfields at issue. To do so, I briefly lean on corpus linguistics before proceeding with a critical stylistic study, thereby combining a quantitative and a qualitative approach to academic discourse. The overarching research questions that guide this project can be formulated as follows. When the concept of variety of English was utilised in nascent ELF studies to identify English as a Lingua Franca, did this concept retain the postcolonial ethos originating from the WE paradigm? In the same vein, does the "world" of world literature as used by today’s Euro-American comparatists share ideological underpinnings with the "world" – not least of world literature – prevailing in (classic) postcolonial literary criticism? By means of micro-surveys of the lexical perimeters and occurrences of the words "variety (of English)" and "world (literature)" in influential subfield-related scholarly texts, this PhD thesis tries to shed light on the key postcolonial ideas that are at stake in these theoretical conflicts. Ultimately, the research seeks to enhance understanding of what has happened to postcolonial thinking in the advent of an all-encompassing linguistic and literary framework in the third millennium.
[fr] Ces deux dernières décennies ont été marquées par de notables désaccords au sein des domaines de la linguistique anglaise et des études littéraires anglophones, opposant des chercheur·euse·s qui soutiennent volontiers un cadre conceptuel "global" relativement récent à d’autres préférant le cadre "postcolonial" plus fermement établi – le premier paradigme étant souvent perçu comme une potentielle menace envers la pertinence du second. Parmi ces champs d’études, nous avançons que les deux paradigmes paraissent en désharmonie à l’égard de l’usage de deux mots en particulier : "variety (of English)" et "world (literature)", dont les interprétations tendent à se percuter et différer. Plus spécifiquement, un certain nombre de linguistes décrivant le phénomène English as a Lingua Franca (ELF) font face aux critiques de chercheur·euse·s associé·e·s aux world Englishes (WE), constituant une frange linguistique davantage postcoloniale, à propos de leur emprunt (temporaire) du concept WE de variety of English pour caractériser ELF. D’autre part, plusieurs commentateur·rice·s littéraires postcoloniaux·ales ont attiré l’attention sur la signification opaque du terme "world (literature)" employé par les premiers penseurs de la nouvelle world literature. La présente thèse de doctorat propose d’investiguer ces conflits essentiellement théoriques à travers des analyses linguistiques d’écrits académiques de grande incidence sur chacun des quatre sous-champs en question. Pour ce faire, nous nous appuyons brièvement sur la linguistique de corpus avant de poursuivre avec une étude relevant de la stylistique critique, combinant ainsi des approches quantitative et qualitative du discours académique. Les questions de recherche prédominantes qui guident ce projet peuvent être formulées comme suit. Lorsque le concept de variety of English était utilisé dans les études ELF émergentes pour identifier English as a Lingua Franca, conservait-il l’esprit postcolonial provenant du paradigme WE ? De même, le "world" de la world literature tel qu’adopté par les comparatistes euro-américain·e·s d’aujourd’hui partage-t-il des fondements idéologiques avec le "world" – notamment de la world literature – prévalant dans la critique littéraire postcoloniale (classique) ? Au moyen de micro-examens des périmètres lexicaux et occurrences des mots "variety (of English)" et "world (literature)" dans d’influents textes scientifiques de chaque sous-champ, cette thèse tente de mettre en lumière les principales idées postcoloniales qui sont en jeu dans ces différends théoriques. En somme, le projet cherche à mieux comprendre ce qui est arrivé à la pensée postcoloniale face à l’avènement d’un cadre linguistique et littéraire globalisant au troisième millénaire.