Abstract :
[fr] Face au vieillissement démographique de notre société et au développement de nouveaux modes de vie chez les (futurs) seniors, il est capital de (re)questionner les environnements résidentiels actuels des personnes vieillissantes. Depuis de nombreuses années, les citoyens et les politiques publiques favorisent un vieillissement à domicile, plutôt qu’en institution, principalement pour des raisons de bien-être et de coût. Cependant, en Wallonie, de nombreux logements ne sont pas en adéquation avec les situations de vieillissement des habitants, notamment en termes de non-accessibilité des lieux, d’isolement social des personnes, ainsi que de changements d’habitudes et familiaux modifiant le rapport à l’habitat. En outre, bien que le domaine de l’architecture ait un impact direct sur ces problématiques, le vieillissement des habitants est encore peu considéré dans les projets de construction ou de rénovation de logements. Comment dès lors concevoir le « bien vieillir chez soi » et favoriser le bien-être de (futurs) seniors au sein de logements non-institutionnels ?
En réponse à ces enjeux, cette recherche, par une approche qualitative, constructiviste, inductive et itérative, soutient trois objectifs principaux : (i) identifier les facteurs impactant le « bien vieillir chez soi » de seniors et de futurs seniors vivant dans des habitats non institutionnels ; (ii) comprendre comment ces facteurs du « bien vieillir chez soi » se manifestent dans les dispositifs spatiaux de l’habitat ; (iii) saisir en quoi le processus de conception architecturale impacte le « bien vieillir chez soi ».
A travers six études spécifiques, la thèse pose un regard multiple sur la problématique de recherche, notamment : en interrogeant divers acteurs (seniors et futurs seniors, architectes et futurs architectes, chercheurs et professionnels liés à l’habitat et/ou au vieillissement, maitres d’ouvrage impliqués dans des projets d’habitats pour personnes âgées) ; en sollicitant diverses méthodes de récolte de données (entretiens semi-directifs, focus groups, observations participantes et non-participantes, photo-élicitation, visites commentées, workshops de conception architecturale, revue de la littérature) ; et en s’inscrivant dans divers contextes d’étude (théoriques, d’expériences professionnelles, d’expériences habitantes et usagères, de conceptions architecturales en milieux pédagogiques, de concours et d’esquisses).
Les résultats des différentes études réalisées soulignent, tout d’abord, une série de thématiques clés à questionner pour favoriser le « bien vieillir chez soi » de personnes vieillissantes. Les significations et interrelations de ces thématiques, issues de diverses disciplines et faisant ressortir des temporalités plurielles de l’habiter, sont développées au fil de la thèse. Les résultats explorent, en outre, des traductions spatiales de ces thématiques dans plusieurs logements, individuels et collectifs, ainsi que l’apparition de dualités dans les questions spatiales à résoudre. Enfin, la recherche décortique des processus de conception architecturale de projets d’habitats pour seniors et met ainsi en évidence des contextes, dynamiques, challenges et impacts relatifs à de tels développements.
[en] Given the demographic ageing of our society and the new ways of living among (future) older people, it is crucial to reflect on their current residential environments. For many years, citizens and public policies have favoured “ageing in place” rather than in institutions, mainly for reasons of well-being and cost. However, in Wallonia, many homes are not adapted to the ageing realities of their occupants, particularly in terms of inaccessibility of the dwelling, social isolation of the occupants, and changes in habits and families that transform their relationship with the home. In addition, although the field of architecture has a direct impact on these issues, ageing residents are still given little consideration in housing construction or renovation projects. How can we therefore approach “ageing well in place” and favour the well-being of (future) older people in non-institutional housing? In response to these issues, this research, based on a qualitative, constructivist, inductive and iterative approach, supports three main objectives: (i) to identify the factors impacting on the “ageing well in place” of older people and future older people living in non-institutional housing; (ii) to understand how these factors of “ageing well in place” are reflected in the spatial features of the home; (iii) to understand how the architectural design process impacts on “ageing well in place”.
Through six specific studies, the thesis takes a multi-faceted look at the research issue, in particular : by interviewing various stakeholders (older people and future older people, architects and future architects, researchers and professionals working on housing and/or ageing, contracting authorities involved in housing projects for older people); using a variety of data collection methods (semistructured interviews, focus groups, participant and non participant observations, photo elicitation, walk-through of the home, architectural design workshops, literature review); and taking place in a variety of study contexts (theoretical, professional experience, user experience, architectural design in educational environments, competitions and sketching phases).
The results of the various studies carried out highlight, first of all, a series of key themes that need to be addressed to support “ageing well in place”. The meanings and interrelationships of these themes, drawn from a variety of disciplines and highlighting the multiple home temporalities, are developed throughout the thesis. The results also explore the spatial translations of these themes in several dwellings, both individual and collective, as well as the emergence of dualities in the spatial issues to be resolved. Finally, the research dissects the architectural design processes of housing projects for older people, highlighting the contexts, dynamics, challenges and impacts of such developments. The thesis concludes with a general discussion inviting the initiation of multiple architectural approaches to support “ageing well in place” of (future) older people. It puts the results and limitations of the research into perspective, while linking them to complementary reflections on current and future modes of architectural design, collaboration between stakeholders, and ways of living.