Caractérisation de l’élevage Camelin du Mali pour en assurer la préservation et la Valorisation

Le Mali est un pays à vocation agricole où l’élevage occupe la deuxième place de l’économie. Les régions
arides et semi-arides représentent environ 2/3 de la superficie du territoire du Mali.
De par son climat, le Mali est un pays naturellement indiqué pour promouvoir l’élevage de dromadaire. La
viande et le lait de dromadaire pourraient beaucoup concourir à la sécurité alimentaire. Ils constituent la
base de l’alimentation locale dans les régions arides et chaudes du pays. Ce sont des merveilles dont les
bienfaits sont inestimables pour le maintien de la vie humaine dans ces zones. Le dromadaire occupe une
place importante dans la survie des populations pastorales de ces régions face aux bouleversements
climatiques et socio-économiques. Depuis une dizaine d’années, le dromadaire fait l’objet d’un intérêt
particulier auprès des agropasteurs de la région de Mopti. L’animal est utilisé dans divers travaux (agricoles,
transport, exhaure d’eau). En effet, cette espèce apparaît comme une ressource génétique animale clé dans
les stratégies d’adaptation des agriculteurs aux bouleversements environnementaux et sociopolitiques.
Mais, en dépit de son importance, peu d’informations sont disponibles sur cet élevage au Mali, notamment
dans le cercle d’Ansongo et de Koro.
La présente étude se propose dans un premier temps de caractériser l’élevage du dromadaire tout en mettant
en perspective les stratégies d’adaptation des éleveurs aux changements de l’environnement naturel et social
dans lequel ils opèrent. Ainsi, les pistes d’amélioration de l’élevage en général et de la gestion des
ressources génétiques animales sont proposées en tenant compte des spécificités agroécologiques des 2
zones d’études (i) la région d’Ansongo, domaine de la zone aride et semi-aride (ii) la région de Koro,
domaine du sahel. Dans cette dernière zone, les recherches ont été réalisées à travers la détermination des préférences des éleveurs et leur disposition à payer ou à recevoir une compensation pour les caractéristiques des dromadaires de trait.
Une première enquête rétrospective a été conduite auprès de 100 éleveurs de dromadaires dans la zone
d’étude N°1 (cercle d’Ansongo) durant 3 mois. Elle montre la diversité des stratégies d’élevage pastoral et
de leurs évolutions. Elle note une hétérogénéité des modes de classification des types de dromadaires. Les
pratiques de complémentation alimentaire et le recours aux services de la médecine vétérinaire moderne
restent assez faibles. Les modes d’adaptation des élevages aux différents bouleversements impliquent des
changements de stratégies d’alimentation et d’abreuvement, y compris les stratégies de mobilité. Au
fondement des bouleversements, se trouvent des modifications des ressources génétiques animales
exploitées : substitution d’espèces et modification de la composition du portefeuille animal, modification
au sein de l’espèce par la substitution entre races ou la sélection pour l’évolution de la race elle-même.
L’impact de l’abandon progressif du dromadaire dans certaines zones mérite d’être surveillé.
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Une deuxième enquête a été réalisée sur une période de 45 jours pour analyser les méthodes d’adaptation
des agropasteurs du cercle de Koro, région de Mopti aux changements climatiques : cas de la substitution
des bovins de trait par des dromadaires et la gestion de la génétique caméline. Les résultats obtenus ont
concerné les attributs clés du choix de type de dromadaires et ce, en fonction de l’objectif de production
visé. Cette enquête a été menée sur une population de 100 propriétaires de dromadaires. La couleur de la
robe, l’ardeur au travail, le gabarit et la résistance aux maladies constituent les critères clés de choix du type
de dromadaire pour les travaux agricoles et domestiques.
Une troisième enquête a été réalisée auprès de 115 éleveurs sur les préférences des agropasteurs et leur
consentement à payer ou à recevoir une compensation pour les caractéristiques de dromadaires de trait.
Les capacités d’adaptation ainsi que la multifonctionnalité confèrent au dromadaire un statut particulier et une bonne réputation dans la lutte contre la pauvreté et l’avancée du désert. L’utilité première du dromadaire
(animal de trait) se répand dans la région de Mopti. La production de lait de chamelle reste loin des circuits
de commercialisation. L’insuffisance de services de santé vétérinaire se traduit par le développement des
pratiques ethno-vétérinaires au niveau des élevages de dromadaires.
Aux termes de cette recherche, nous constatons que le dromadaire est une ressource précieuse qu’il convient
d’exploiter à sa juste valeur. La mise en valeur de l’élevage de dromadaire peut être un élément déterminant pour la réconciliation nationale au Mali, étant donné que celle-ci n’adviendra que par le développement socio-économique des régions du Nord et du Centre.
Les potentialités du dromadaire sont faiblement exploitées, à l’exception de la région de Sikasso et le district de Bamako, l’animal est présent sur l’ensemble du territoire national. Il représente 14% du cheptel du pays soit environ un million cinq cent mille têtes. Dans les mêmes conditions d’élevage, le dromadaire produit
plus de lait et de travail que les bovins autochtones. Il valorise mieux les maigres ressources de fourrages
des vastes espaces arides et semi-arides du Mali plus que les autres animaux domestiques.
En résumé nous retenons deux principaux points d’attention à savoir :
✓ Le faible niveau d’exploitation des productions du dromadaire et la faible commercialisation
du lait de chamelle au Mali.
✓ La mauvaise gestion des dromadaires dans la région de Mopti avec un risque potentiel
d’érosion de certaines races ou certains types génétiques.
D’où la nécessité d’une exploitation et gestion rationnelle des ressources génétiques camélines pour la préservation de la biodiversité et la durabilité des systèmes de productions du dromadaire au Mali. En outre une attention particulière doit être accordée à la nouvelle dynamique qui s’installe autour de la culture
attelée caméline.