Abstract :
[fr] Ces élections seront cruciales, car elles baliseront notre devenir à un moment où toutes les crises se conjuguent: budgétaire, économique, géopolitique, climatique…
Dans une proportion croissante de pays européens, l’extrême droite est déjà au pouvoir ou bénéficie d’un soutien tacite. Marine Le Pen a obtenu 41,5% au second tour de la présidentielle française en 2022. En Espagne, un pays où l’extrême droite restait jusqu’il y a peu marginale, le parti Vox participe désormais au pouvoir dans plusieurs régions, en coalition avec la droite classique du Parti populaire. Et en Italie, la présidente de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni, dirige le gouvernement depuis octobre 2022. La Belgique n’est pas épargnée: un sondage publié le 1er mars 2024 par De Standaard place le Vlaams Belang, parti d’extrême droite flamand, près de 28% des intentions de vote au nord du
pays, loin devant la N-VA. En Wallonie, un nouveau parti d’extrême droite tente de
s’implanter, parrainé par le Vlaams Belang, par le Rassemblement national (RN) français et par le Parti pour la liberté (PVV) néerlandais.
Historiquement, l’extrême droite est définie comme une famille politique véhiculant une idéologie antidémocratique. Toutefois, les partis logés à cette enseigne se présentent aujourd’hui, dans leurs discours, comme les défenseurs et les promoteurs
de la démocratie, s’offrant ainsi un visage «fréquentable».
Comment et pourquoi ? Nous avons interviewé sur ces questions le politologue François
Debras, spécialiste des discours extrémistes et complotistes. Il analyse l’appropriation du
terme «démocratie» par les principaux partis d’extrême droite européens dans une logique nationaliste et identitaire.