Abstract :
[fr] À partir d’une enquête menée dans un vaste coliving, cet article analyse la mise à l’épreuve, par les usages et représentations des habitants, des visées communautaires attribuées à ce modèle résidentiel en pleine expansion. Insistant sur les conditions spatiales et sociales des dynamiques d’investissement des lieux, l’analyse montre que, par ses caractéristiques, le coliving favorise des usages qui s’inscrivent dans des logiques de consommation des lieux. Si les parties privées sont bien identifiées par les colocataires comme des logements, les espaces collectifs sont considérés comme des plus-values, voire des services prépayés qu’il s’agit de rentabiliser, non sans mener à des conflits d’usage des communs. Celles et ceux qui ont choisi d’habiter le coliving pour sa dimension communautaire font parfois face à des désillusions, jusqu’à éviter les autres habitants. En même temps, les espaces privés constituent des lieux de repli rudimentaires. Il est difficile de se les approprier, à en assurer un degré d’intimité et de confort suffisant pour en faire un environnement domestique pleinement satisfaisant. En plus d’être un produit d’investissement immobilier discutable, le coliving apparait ainsi comme un produit de consommation expérientiel, investi par des habitants-consommateurs et, parfois, plus proche de l’hôtel que de l’habitat.
[en] Based on a survey conducted in a vast coliving, this article analyses how the uses and representations of its residents put to the test the community aims attributed to this rapidly expanding residential model. Focusing on the spatial and social conditions of the dynamics of investment surveyed, the analysis shows that, by virtue of its characteristics, coliving encourages uses in a logic of common consumption. While the private areas are clearly identified by the housemates as accommodation, the community spaces are seen as added value, prepaid services that need to be made profitable, leading to conflicts over the use of the common. Those who have chosen to live in coliving for the communal lifestyle are disillusioned, sometimes ending up avoiding all contact with the other residents. At the same time, private spaces are rudimentary retreats. It is difficult to make them one's own, to ensure a sufficient degree of privacy and comfort to make them a fully satisfying domestic environment. As well as being a questionable property investment product, coliving appears to be an experiential consumer product, invested in by residents-consumers and, in some ways, more like a hotel than a home.