[fr] Cet article vise à mettre en lumière les représentations discursives de la viralité des fake news dans la presse écrite généraliste quotidienne en France et en Belgique francophone (2016-2019). S’inscrivant dans la perspective d’une pragmatique énonciative des figures de discours (Bonhomme 2014), l’analyse s’arrête sur les différents réseaux métaphoriques de la viralité qui accompagnent l’installation de la locution « fake news » comme formule (Krieg-Planque 2003 ; 2009). On relève d’abord deux univers métaphoriques conventionnellement attachés à la viralité, la contagion et la lutte militaire, dont on observe qu’ils fonctionnent de manière solidaire, produisant la base d’une cohérence interdiscursive. On se penche ensuite sur un cas particulier — celui de la viralité comme « triomphe » —, qui nous invite à considérer ce qui est projeté à l'avant-plan de la représentation et ce qui fait l'objet d'un estompage ou d'un présupposé. Ce parcours analytique nous conduit à penser que les représentations de la viralité via ces deux ensembles de réseaux métaphoriques (l’un routinisé, l’autre davantage lié au contexte) ont à la fois joué un rôle clé dans le processus d’installation de l’anglicisme comme formule dans l’espace public, comme elles ont également participé à renforcer une présupposition, méritant pourtant d’être questionnée, qui pose que l’exposition à un objet médiatique équivaut à y être passivement perméable.