Abstract :
[fr] Par les questions qu’elle soulève sur la prise de conscience de l’espace qui nous entoure, la négligence spatiale revêt un intérêt particulier dans l’étude et la compréhension de la cognition visuo-spatiale. Auparavant définie comme un trouble de nature principalement attentionnel, la négligence spatiale est aujourd’hui davantage considérée comme pouvant résulter de l’association de troubles cognitifs distincts, parmi lesquels un déficit de la mémoire de travail spatiale. Associés aux déficits attentionnels, ces troubles cognitifs sont non seulement susceptibles d’exacerber la sévérité de la négligence, mais également de participer à la persistance du trouble. Pour cette raison, leur prise en compte tant dans le cadre de l’évaluation que de la prise en charge est donc essentielle. Dans ce contexte, nous avons envisagé notre travail sous deux angles différents, à la fois en considérant l’altération de la mémoire de travail spatiale, mais également la préservation de certains processus attentionnels dans la négligence spatiale. La première partie de cette thèse vise à mieux comprendre l’implication de la mémoire de travail spatiale dans les manifestations comportementales de la négligence. Plus précisément, nous avons étudié le lien entre l’altération de la mémoire de travail spatiale et la tendance des patients à explorer et à traiter de manière répétée les stimuli situés du côté ipsi-lésionnel (Etude 1). Ensuite, partant d’une conception fractionnée de la mémoire de travail visuo-spatiale, nous avons cherché à déterminer dans quelle mesure les patients héminégligents présentaient un déficit spécifique de la composante spatiale séquentielle versus simultanée de la mémoire à court terme, ce qui nous a conduit à explorer l’indépendance de ces deux composantes (Etude 2) ainsi que leur impact fonctionnel sur les manifestations représentationnelles du trouble (Etude 3). La seconde partie de ce travail a pour objectif d’étudier la capacité des patients héminégligents à utiliser les mécanismes d’orientation attentionnelle implicite pour compenser leur défaut d’orientation. Deux études ont été conduites afin d’examiner si l’extraction implicite des régularités statistiques présentes dans l’environnement pouvait permettre aux patients d’orienter plus précisément et plus rapidement leur attention vers le côté contra-lésionnel (Etude 4 et 5).