Abstract :
[fr] Les lésions de la moelle épinière engendrent des pertes de fonctions motrices et sensorielles plus ou moins importantes selon le niveau médullaire atteint et la gravité de la lésion. On estime à 2,5 millions le nombre de personnes atteintes de lésions de la moelle épinière dans le monde. Ces patients, souvent lourdement handicapés, sont généralement jeunes. La problématique principale du traumatisme médullaire est qu'il évolue défavorablement au cours du temps. Les lésions qui en résultent appelées « lésions secondaires » sont caractérisées par divers phénomènes tels qu'une inflammation, le développement d'une cicatrice astrogliale dense et la formation de cavités kystiques correspondant à du tissu nécrosé. Ces processus dégénératifs mènent à l'établissement d'un environnement lésionnel inhibiteur pour la régénération axonale et pour la récupération fonctionnelle.De nombreuses stratégies expérimentales visant à réparer les tissus médullaires endommagés ont été étudiées. Parmi elles, l'utilisation de cellules souches mésenchymateuses dérivées de la moelle osseuse constitue une solution prometteuse. En effet, ces cellules possèdent d'intéressantes propriétés permettant de moduler l'environnement lésionnel et ainsi favoriser la régénération des axones et la récupération fonctionnelle. Malheureusement, la survie de ces cellules et leur différenciation une fois transplantées dans le tissu hôte sont médiocres. De plus, il a été démontré, dans d'autres contextes pathologiques, que ces cellules pouvaient induire des effets néfastes une fois greffées. Cependant, les cellules souches mésenchymateuses sont connues pour sécréter une grande quantité de facteurs divers et il a été proposé que l'action paracrine de ces cellules puisse être à l'origine des effets bénéfiques observés après leur transplantation au sein du tissu médullaire lésé. Nous avons donc décidé d'administrer les facteurs sécrétés par ces cellules à des rats ayant subi une lésion de la moelle épinière par contusion et d'étudier, en parallèle, leurs propriétés in vitro. Nous montrons, in vivo, que le milieu conditionné par les cellules souches mésenchymateuses (MC-CSM) contenant les facteurs sécrétés par ces dernières, administré au niveau de la lésion, favorise la récupération locomotrice des animaux. Les analyses histologiques révèlent une action pro-angiogénique du MC-CSM ainsi qu'un effet de protection tissulaire. Le traitement n'a par contre pas d'effet sur la repousse axonale, l'inflammation et le développement de la cicatrice astrogliale. In vitro, le MC-CSM permet de protéger les neurones contre l'apoptose, active les macrophages et favorise l'angiogenèse. Finalement, la caractérisation du MC-CSM par détection protéique multiple et ELISA (Enzyme-Linked ImmunoSorbent Assay) a permis d'identifier divers facteurs trophiques ainsi que des cytokines probablement impliqués dans les effets observés. En conclusion, nos résultats confirment le mode d'action paracrine des cellules souches mésenchymateuses et les effets bénéfiques de ces facteurs dans le contexte des lésions médullaires. Ceci ouvre la porte à la possibilité de développer une approche thérapeutique basée sur l'utilisation d'un milieu acellulaire permettant d'éviter les éventuelles conséquences néfastes décrites dans d'autres modèles après greffe de cellules.