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Abstract :
[fr] Je me suis proposé de démontrer les points suivants : 1. La pensée de Foucault doit être rapportée comme à sa condition de possibilité philosophique à l’émergence historique de la pensée critique telle qu’elle est associée au nom de Kant : j'ai étudié, dans leurs modalités diverses, « les kantismes de Foucault » ; 2. Pour le comprendre, il est de première importance de se concentrer sur les deux extrêmes de son parcours philosophique (1961-1969 et 1978-1984), de sans cesse les rapporter l’un à l’autre ;3. Ce postulat en implique un autre, de nature méthodologique : le choix de privilégier une reconstruction conceptuelle plutôt que chronologique de l’œuvre de Foucault ; ainsi peut-on mettre en évidence la cohérence très forte qui anime son parcours, sous les discontinuités évidentes qui l’affectent ; 4. La cohérence philosophique de la pensée de Foucault est liée à trois éléments : - l’unité d’une méthode, d’une certaine attitude de la pensée (nominalisme matérialiste réalisé dans la forme d’une archéo-généalogie) ;- l’insistance d’une question toujours posée dans le cadre de l’interrogation critique et d’une reprise partielle des motifs du transcendantal et surtout de la finitude ; cette question se résume du passage de la critique de la question anthropologique classique (Qu’est-ce que l’homme ?) à une enquête portant sur les modes d’être historiques du sujet (Que sommes-nous aujourd’hui ?) ;- la reprise constante de trois concepts qui font le cœur de la conceptualité philosophique moderne et qui forment chez Foucault un réseau à la relative systématicité : ceux d’expérience, de pensée et de critique ;5. Le concept d’expérience est la pierre de touche de toute l’œuvre de Foucault : seule sa reconstruction patiente permet de saisir, de décrire et d’élaborer de manière satisfaisante la manière de penser qui est la sienne, dans son rapport critique à la pensée de Kant.Une fois rapportée à sa condition historique de possibilité, l'oeuvre de Kant, on a pu comprendre à la fois la nécessité conceptuelle de la proposition philosophique de Foucault mais aussi, par suite, les limites de sa proposition éthico-politique : c'est ce que j'ai nommé le nihilisme achevé ou positif de Foucault, la pure exigence d'une transformation micro-politique indéterminée et non-fondée de l'état de choses donné. Aller plus loin que celle-ci supposerait de la reprendre aux abords de la dialectique, en particulier en fonction de concepts critiqués par Foucault, ceux de négativité et de totalité.