Abstract :
[fr] Dans ce travail de thèse, nous nous sommes intéressés tout particulièrement aux facteurs cognitifs associés au besoin de vérifier ou répéter certaines actions de la vie de tous les jours (les symptômes de vérification). Ce phénomène a été examiné selon l’approche adoptée en psychopathologie cognitive, qui considère les états psychopathologiques comme des manifestations extrêmes de processus émotionnels et cognitifs normaux.La vérification est en effet un processus normal. Elle permet à un système d’opérer une évaluation plus approfondie de l’action et de son résultat, voire une réitération de l’action afin de garantir la satisfaction d’un but. Cependant, une telle minutie dans l’évaluation de l’action ne constitue pas un mode de fonctionnement par défaut. Elle s’observe dans certains contextes, comme par exemple, lorsque l’action est nouvelle. Dans le cas d’actions habituelles, la vérification et la répétition s’avèrent nécessaires lorsque, par exemple, l’action n’a pas permis de générer les effets nécessaires à la satisfaction d’un but. Dans ce cas, les mécanismes chargés de contrôler l’action génèrent un signal d’erreur amenant alors l’individu à se pencher de manière plus détaillée sur son action. Le problème dans la vérification chronique réside dans la récurrence de signaux d’erreurs ou de sentiments « d’insatisfaction par rapport au but » (par ex. doutes au sujet de la réalisation adéquate ou réelle d’une action, sentiments d’incomplétude ou d’imperfection), alors que, de toute évidence, une action a été réalisée de sorte à satisfaire le but initial (par les effets qu’elle génère). Dans ce cas, la vérification pourrait constituer une réponse logique à une évaluation de l’action qui, elle, semble dysfonctionnelle.Nous sommes ainsi partis de l’idée selon laquelle les symptômes de vérification pouvaient constituer une stratégie comportementale en réponse à un déficit affectant certains processus chargés d’évaluer et de réguler l’action. Plusieurs études ont en effet mis en évidence dans ce trouble l’existence d’un dysfonctionnement du contrôle (« monitoring ») de l’action. Le processus de contrôle de l’action étant étroitement lié à l’expérience subjective accompagnant l’action (par ex. le sentiment de but accompli), la phénoménologie de la vérification peut être appréhendée en termes d’agentivité perturbée. L’objectif de cette thèse était donc d’explorer plus directement les liens entre les symptômes de vérification et les déficits du traitement cognitif de l’action, à la lumière des théories de la conscience de l’action.