Abstract :
[fr] « Une réthorique par objet ». Les mimétismes dans l’œuvre de Francis Ponge est constitué essentiellement d’une lecture intégrale des recueils de Francis Ponge Le Parti pris des choses (1942) et Pièces (1961), qui sont analysés et interprétés sous l’angle des mimétismes, c’est-à-dire de l’adéquation de l’écriture à la « chose » dont le texte fait son objet. Cette lecture occupe les chapitres III et IV, les plus longs de l’ensemble. Le premier chapitre, qui est le plus théorique, est constituée d’une tentative de définition de la notion de « mimétisme ». La tâche n’est pas aisée et sa difficulté réside dans le fait qu’il existe de nombreuses façons d’aborder cette notion complexe, que l’on se base sur le sens commun, sur la rhétorique du Groupe µ, sur les linguistiques de Saussure ou de Hjelmslev, sur la sémiotique de Pierce, sur le triangle d’Ogden-Richards, sur le carré sémiotique de Klinkenberg, sur les fonctions du langage de Jakobson, sur la notion de « cratylisme » que l’on doit à Gérard Genette ou sur les déclarations des poètes. Cela aboutit à la proposition de définition suivante : « Les mimétismes sont des procédés stylistiques de formes variables visant à minimiser l’arbitraire du signe, c’est-à-dire à motiver quelque peu le langage en établissant un lien entre la forme du plan du contenu et la forme du plan de l’expression, ou, plus précisément, en établissant un lien entre certaines particularités de l’écriture et certains sèmes contenus, selon la conception des choses présentées au sein du texte, dans le signifié du mot désignant la chose. Ce faisant, ils activent d’un même mouvement les fonctions poétiques et référentielles du langage. »Ce premier chapitre cherche également à circonscrire quelques concepts proches et à situer, très brièvement, la notion de mimétisme dans une réflexion générale concernant la poésie. Le deuxième chapitre confronte la recherche exposée aux différentes tendances de la critique pongienne. Il ne s’agit pas d’écrire l’histoire de celle-ci – pareille histoire demanderait un travail en soi –, mais de préciser en quoi l’étude systématique des mimétismes pongiens peut avoir un sens, alors que leur existence est connue depuis toujours : Jean-Paul Sartre, en 1944, en décrit déjà un, dans une note en bas de page. Après les chapitres III et IV, qui voient défiler chaque poème sous la loupe mimétique, le chapitre V est consacré à une analyse tabulaire des résultats obtenus, brassés globalement dans l’espoir d’en dégager quelques enseignements. Les centaines de mimétismes relevés dans les deux recueils y sont classés deux fois, d’abord de façon thématique, selon les motifs mimés et une ensuite selon des critères formels, en fonction des modalités du langage poétique qui sont mis en œuvre.