Figures et idées du crime dans l'œuvre narrative de Gabriele d'Annunzio

Cette communication a été présentée à la Journée des doctorants de l'ED3bis du 22 mai 2023. Les directions de recherche exposées visent à mettre en évidence la profondeur des traitements du crime dans l'œuvre de d'Annunzio en prenant en compte les représentations culturelles de son époque, notamment criminologiques et philosophiques. Si l'auteur italien s'est intéressé à l'explosivité de l'âme humaine dès Terra vergine (1882), cette recherche se concentre essentiellement sur les années 1890-1895, mises sous le signe de la « pédagogie de la douleur » et d'inspirations russes (Tolstoï et Dostoïevski), avant que n'ait lieu sa découverte de Nietzsche. Les romans étudiés s'inscrivent dans un projet large que d'Annunzio aurait voulu intituler : « Cycle des assassins », et désignent la partie qu'il considérait lui-même comme étant la plus « analytique » de son œuvre : Giovanni Episcopo (1892), L'Innocente (1892) et Il Trionfo della morte (1894). D'Annunzio y opère, entre autres, des descriptions de processus de dissociation psychique ou de jalousie homicide non seulement comparables aux élaborations théoriques les plus fines des psychologues de son temps, mais aussi de la criminologie psychanalytique ultérieure. Les œuvres précitées offrent également des terrains de réflexion privilégiés sur des thèmes tels que la résistance à l'intensité du désir, ou à l'ambiguïté du « don de parole » qui est au principe de la confession du crime. Un espace de la thèse menée est en outre réservé à l'exploration de matériaux plus récents qui participent de la mémoire des œuvres en même temps qu'ils les transforment de manière significative : l'adaptation cinématographique de Giovanni Episcopo par Alberto Lattuada (1947), ainsi que son prolongement en cinéroman, et l'adaptation de L'Innocente par Luchino Visconti (1976).