Abstract :
[fr] Depuis les années 80, la population de bruant proyer d’Europe a diminué de plus de 80% et les pays d’Europe de l’Ouest sont les plus touchés. La population de Wallonie a connu le même sort et elle se concentre maintenant plus que dans quelques noyaux situés au Nord du Sillon Sambre et Meuse, dont la majorité sont à l’Est de l’E411. Les raisons de ce déclin sont
multiples, mais la mécanisation et l’intensification de nos pratiques agricoles sont les causes
principalement reconnues. Il existe cependant quelques mesures dont la mise en place devrait être bénéfique à cette population pour enrayer sa disparition. Parmi les 11 Mesures
Agroenvironnementales et Climatiques de Wallonie, deux d’entre elles peuvent avoir un impact positif sur cette espèce : les parcelles et bandes aménagées. Pour les besoins de l’étude, ces deux mesures ont été remodelées en fonction de leur rôle potentiel durant la mauvaise et la bonne saison. D’un autre côté, l’implantation de parc éolien dans la matrice agricole conduit à la création de parcelles favorables à l’avifaune de ces grandes plaines : ce sont les mesures compensatoires. Ce sont donc au total 5 mesures qui ont été inclus dans l’analyse : les couverts herbeux et nourriciers, les bandes de hautes herbes pérennes, les bandes de ressui et les mesures compensatoires.
Le bruant proyer mâle, qui est le premier à revenir sur les sites de reproduction, définit les zones propices à l’établissement de nichée et conditionne donc en partie le succès reproducteur de l’espèce. En partant de ce principe, cette étude cherche à savoir si ce choix est effectué en faveur d’une de 5 mesures citées plus haut, ce qui indiquerait certainement leur efficacité. Pour tenter de répondre à cette question, nous avons eu recours à la sélection par échantillonnage stratifié de 93 quadrats de 500m x 500m dont nous avons émis l’hypothèse que leur superficie correspondait au territoire de nourrissage de cette espèce. Pour la majorité, ces quadrats étaient situés entre Liège et Jodoigne et chacun d’eux ont été prospectés entre le 14 mai et le 16 juin.
L’effet de variables explicatives en lien avec les cultures et les mesures en place dans les
quadrats ont été testés sur les données d’abondance et de présence/absence du bruant proyer par l’intermédiaire d’un GLM et d’une approche basée sur le model averaging avec les poids d’Akaike. Cette méthode présente l’avantage de faire une recherche exhaustive des
« meilleurs » modèles, de modéliser leur incertitude et de déterminer l’effet de chacune des
variables explicatives sur la variable réponse. Cette analyse permet de clarifier l’effet des
bandes à couvert herbeux ainsi que des mesures compensatoires, puisque toutes les deux ont un effet positif significatif sur le choix du territoire du bruant proyer, que ce soit avec des données d’abondance ou de présence-absence. En revanche, l’analyse échoue dans l’identification de l’impact des bandes de hautes herbes pérennes, dont le coefficient est à la fois positif et négatif selon le type de données. Afin d’appliquer des mesures pertinentes en lien avec l’écologie du bruant proyer, les futures études devraient être dirigées vers l’utilisation de ces bandes par l’espèce, en se concentrant tout particulièrement sur la femelle.