No document available.
Abstract :
[fr] Le récit d’anticipation, défini par la « conjecture romanesque rationnelle » (Pierre Versins), et le roman naturaliste constituent deux genres distincts. Pourtant, leurs poétiques partagent des préoccupations sociographiques, documentaires et démonstratives. C’est particulièrement observable dans le corpus des dystopies, récits tournés vers la représentation de la société et l’exploration de ses failles.
Outre ces convergences poétiques, les récits naturalistes et dystopiques partagent des paramètres contextuels majeurs. Il y a non seulement des concomitances historiques, le récit d’anticipation émergeant en France dans les années 1860, mais aussi des auteurs qui se sont inscrits tour à tour dans les deux tendances, tels Rosny aîné, Paul Adam, Léon Daudet, Félicien Champsaur, André Couvreur. Les deux poétiques peuvent d’ailleurs se lire en miroir dans la mesure où elles sont caractérisées par une généricité mouvante qui se constitue largement à travers le discours journalistique et critique.
Si on a veillé à réinscrire le récit d’anticipation dans les caractéristiques du merveilleux scientifique, dans la généricité du roman d’aventures et dans les collections populaires sérialisées de l’entre-deux-guerres, le lien avec le naturalisme a pour l’instant été peu examiné. Il s’agirait donc d’interroger les contours de deux mises en forme du romanesque, à la lumière des parcours des auteurs et du contexte de réception, souvent caractérisés par la polygraphie, la disparate et le compromis. Cela permettrait de cerner dans quelle mesure le naturalisme a pu être pratiqué en hybridation avec d’autres esthétiques et quelles ont été ses expressions tardives, dérivées ou réinventées.
