L'enseignement supérieur privé dans un Etat post-démissionnaire. (In) gouvernance et inégalités en République démocratique du Congo

Avec plus de 900 établissements d'enseignement supérieur contre une dizaine (dont trois universités publiques seulement en 1965) dont plus de 50% sont de statut privé, la RDC a connu depuis 1990 un spectaculaire développement de l'enseignement privé et public. Comprendre une telle réalité dans un Etat failli durablement (post-démissionnaire) où l'Etat n'octroie aucun subside à l'éducation publique en dehors des salaires des professeurs, où le dispositif de régulation est opaque et peu crédible, où les étudiants paient partout les services éducatif et où les données sont notoirement incertaines... est un défi colossal. Il convient à tout le moins de questionner profondément l'opposition privé-public, de contextualiser ce qui tient lieu d'Etat comme espace d'activité de corps professionnels de type concessionnaire-corporatiste. Alors que l'enseignement privé est totalement dépendant des professeurs du secteur public qui y réalisent des activités dites "extra-muros" cumulables sans limites et de quelques acteurs administratifs et politiques qui sont censés réguler l'offre, alors que les marchés électoraux et confessionnels sont les principaux ressorts de cette expansion de l'offre d'éducation, le système est difficilement classable et sa performance en matière d'inégalité scolaire peu claire. Encore élitiste à bien des égards malgré un effondrement général du niveau, il atteint certainement ses limites aujourd'hui. Quelques 600 000 étudiants de nos jours devraient voir leur nombre doubler dans 10 ans. Alors que le secteur n'a connu aucune mise à jour pédagogique ni réforme réelle, la concurrence ne s'y exerce pas vraiment pour éliminer un nombre considérable d'établissements douteux ou pour objectiver des qualités inégales.