Quand les structures de mises en œuvre enferment la prise de décision issue des résultats d’évaluation : le FRB au Burkina Faso

En cette période d’institutionnalisation de la pratique évaluative dans les Etats africains (AfrEA, 2017) la question de l’utilité des évaluations interpelle. Les finalités normative ou décisionnelle, démocratique et gestionnaire de l’évaluation sont rarement atteintes et ne suivent pas le développement de la pratique. En effet, les gouvernants apprennent peu des politiques et programmes passés et font de l’éternel recommencement (Maurice Baslé, 2013).
Au Burkina Faso, de nombreuses évaluations ont été réalisées dans le domaine de la santé (Souratié, et al., 2021) comme c’est le cas de l’évaluation de la politique de financement basé sur les résultats réalisée en 2017. Les résultats mitigés de cette évaluation (Ministère de la santé, 2018) ont abouti à des décisions diversement appréciées par les acteurs de la santé.
Afin de comprendre l’utilité de cette évaluation nous avons entrepris une méta-évaluation de la qualité des processus évaluatifs. Cette contribution analyse le rapport entre les dynamiques propres de l’implémentation du FBR et l’utilisation des résultats de l’évaluation sous la question comment « les structures de mise en œuvre » (Thoenig, 1985, p. 30) du FBR ont-elles affecté l’utilité des résultats de l’évaluation ?
A travers une analyse thématique des verbatim de 12 entretiens semi-directifs réalisés, il ressort de l'étude que des structures de mise en œuvre de la politique dépend la qualité de l'évaluation et l'utilisation des résultats. Un arrangement politico-administratif non concertée met des acteurs hors du jeu qui travailleront à contre-courant dans l'utilisation des résultats. Ils ne manqueront pas d'inventer de nouvelles approches pour substituer et noyer les points positifs des recommandations de l'évaluation.