Abstract :
[fr] Dans le cycle de violences ouvert par la rupture de l’unité confessionnelle au XVIe siècle, les villes se dévoilent à l’analyse historienne comme théâtres et enjeux des affrontements religieux. L’Occident chrétien de la fin du XVe siècle est alors marqué par une forte croissance urbaine et économique ; ce dynamisme est l’effet de la rapide récupération du temps des malheurs occasionnés par les pestes, les guerres et les famines des années 1350-1430. Si le fait urbain n’est pas majoritaire, les nouvelles configurations des villes se révèlent problématiques pour les autorités centrales et locales qui cherchent à en réguler les usages et les horizons d’attente multiples, ceux des masses foraines et populaires comme des nouveaux groupes élitaires de la marchandise et de la magistrature. On observe dès les années 1520 un double mouvement. Le dynamisme des centres urbains se mue en facteur de crise sous l’effet des Réformes. Les anciennes hiérarchies et solidarités corporatives et paroissiales sont renouvelées, perturbées et heurtées à la faveur des recompositions complexes dues aux divisions religieuses. Fait social total, le choix confessionnel induit des ruptures marquées dans les sociabilités, le bâti, les cérémonies, les usages des villes par leurs habitants. La violence et la radicalité sans précédents qu’occasionnent la poursuite et la destruction de l’hérétique ainsi que la recherche angoissée du salut dans la vraie foi sont autant de catégories d’analyse efficaces des crises qui déchirent les métropoles de l’époque moderne. Les barricades dont se hérissent les centres urbains du premier XVIe au premier XVIIe siècles sont les points de cristallisation des imaginaires et des nouvelles conceptions des technologies de pouvoir qui préfigurent et autorisent la lente émergence de la ville absolutiste.
[en] In the cycle of violence ushered in by the rupture of confessional unity in the 16th century, cities emerge in historical analysis as both stages and stakes of religious confrontations. The Christian West of the late 15th century was marked by significant urban and economic growth, a dynamism resulting from the swift recovery from the adversities caused by plagues, wars, and famines of the years 1350-1430. While urban centers were not predominant, the evolving cityscapes posed challenges for both central and local authorities trying to regulate their multifaceted uses and diverse expectations, from the itinerant masses and the urban populace to the emerging elite groups in commerce and magistracy. From the 1520s onward, a dual trend is observed. The vitality of urban centers becomes a factor of crisis due to the Reformation movements. Former corporate and parochial hierarchies and solidarities are renewed, disrupted, and conflicted, reshaped by complex transformations stemming from religious divisions. As an all-encompassing social phenomenon, confessional choice leads to pronounced ruptures in social interactions, architectural landscapes, ceremonies, and urban practices. The unprecedented violence and radicalism resulting from the persecution and eradication of heretics, combined with the anxious pursuit of salvation in true faith, serve as effective analytical categories for the crises tearing apart the metropolises of the early modern era. The barricades that rise in urban centers from the early 16th to the early 17th centuries crystallize imaginations and nascent conceptions of power technologies, foreshadowing and facilitating the gradual emergence of the absolutist city.
Title :
Stasis. Rupture de l’unité confessionnelle, émeutes urbaines et reconfigurations politiques (France, Saint-Empire, Italie – vers 1500-1650)
Alternative titles :
[en] Stasis: Disruption of Confessional Unity, Urban Uprisings, and Political Reconfigurations (France, Holy Roman Empire, Italy – circa 1500-1650)
Original title :
[fr] Stasis. Rupture de l’unité confessionnelle, émeutes urbaines et reconfigurations politiques (France, Saint-Empire, Italie – vers 1500-1650)
