Révéler les imaginaires de la médiation derrière les écrans. Bilan d’une décennie d’analyse de dispositifs numériques de médiation des patrimoines

Depuis plusieurs années, nous menons des projets de recherche portant sur les dispositifs
numériques de médiation des patrimoines. . Notre approche se veut plurielle car elle les
investigue tant au niveau des processus de conception, de l’analyse des interfaces, des études de réception, que de l’analyse des données numériques récoltées par les dispositifs. Dans le cadre de ces projets, toujours menés en collaboration avec les institutions patrimoniales, l’objectif est, du point de vue de la recherche scientifique, de dépasser les motivations premières des institutions visant l’évaluation des dispositifs (et requérant de simples études d’usage). Plus fondamentalement, il s’agit de chercher à comprendre ce que les dispositifs numériques font au rapport au patrimoine, à la fois du point de vue des publics, des concepteurs techniques ou des personnels scientifiques des musées et institutions patrimoniales. C’est ainsi une forme de bilan réflexif des méthodologies mises en œuvre, des difficultés rencontrées, des résultats obtenus lors de ces multiples projets que propose cette communication afin d’ouvrir des perspectives de recherche nouvelles. Une première piste enjoint à croiser les différentes méthodologies pour mieux saisir les composites que sont les dispositifs numériques de médiation des patrimoines. Dépasser les approches « mono-méthodologiques » nous paraît en effet riche d’enseignements pour révéler les multiples médiations à l’œuvre dans le cadre de ces dispositifs. Nous proposons dans un second temps d’inscrire l’analyse des dispositifs numériques de médiation du patrimoine dans une anthropologie de la connaissance. En effet, les projets menés montrent à quel point la prise en compte de l’articulation des différents acteurs en présence dans la conception des dispositifs est fondamentale pour comprendre les imaginaires de la médiation du patrimoine qui se négocient dans l’ « écriture » des dispositifs numériques. En interrogeant ces dispositifs comme « objet-frontière » , il devient possible de révéler les modalités de confrontation de ces différents regards sur la médiation des
patrimoines.