L’utilisation du tirage au sort dans la reconfiguration de la démocratie par la gouvernance néolibérale : opération neutralisante mais risquée. Le cas de la Convention Citoyenne pour le Climat en France

Le tirage au sort en politique est souvent décrit comme un outil de démocratie directe. En France, de nombreux auteurs ont défendu que le tirage au sort était par essence démocratique, ils ont été suivis par un mouvement social visant une radicalisation de la démocratie. Cependant, le tirage au sort n'est qu'un outil et le contexte de son utilisation est important. Dans cet article, nous souhaitons explorer la possibilité d'une récupération du tirage au sort par les gouvernements néolibéraux qui sont confrontés à des mouvements sociaux visant une radicalisation de la démocratie. En nous appuyant sur les travaux de Wendy Brown et Grégoire Chamayou, nous explorons l'utilisation du tirage au sort par le gouvernement français d'Emmanuel Macron en 2019 lors de l'organisation de la Convention Citoyenne pour le Climat.
Nous suggérons que la reconceptualisation de la démocratie par la gouvernance développée par Wendy Brown peut justifier une utilisation néolibérale du tirage au sort pour gagner en légitimité démocratique. Le concept de gouvernance reconceptualise la démocratie avec des idées d'inclusion, de participation et de décentralisation de l'État. Le CCC s'est d'abord vu promettre un pouvoir de décision, mais Emmanuel Macron est revenu sur sa parole et a opposé son veto à certaines propositions. Les citoyens ont alors été réduits à un rôle de partie prenante sans réel pouvoir de décision. Nous suggérons alors que le tirage au sort a été utilisée pour sa vertu neutralisante, visant à évacuer le conflit et à favoriser le consensus. Lors du mouvement des Gilets Jaunes, le conflit politique était important, et le président français a proposé l'organisation d'une assemblée citoyenne lors du Grand Débat organisé en réponse au mouvement des Gilets Jaunes. Nous suggérons que l'utilisation du tirage au sort répond directement à ce contexte conflictuel, en essayant d'y échapper avec un mécanisme participatif résolvant le problème des questions conflictuelles.